La contestation croit sur les réseaux sociaux mais les manifestations prévues sont éparses et peu structurées. Le point de la situation sur Bordeaux.
Pourra-t-on circuler dans Bordeaux samedi ? A ce jour, ni la préfecture, ni les principales organisations manifestantes ne peuvent répondre à la question. « On aura le même effet visuel de foule que pour Charlie » prévient Alexandre Ribeiro, principal animateur de « La mobilisation bordelaise piétonne contre la hausse des carburants ». Le mouvement des gilets jaunes faisant écho aux bonnets rouges de 2013, s’est développé de manière exponentielle depuis la pétition lancée en octobre 2018 par une habitante de Seine-et-Marne, Priscillia Ludowsky, appelant à baisser les prix à la pompe.
L’efficacité des réseaux sociaux
Des appels ont été relayés sur les réseaux sociaux, et les évènements appelant à se réunir samedi sont nombreux sur Facebook : « Contrairement à la manifestation sur la loi Travail qui était politique, l’appel des gilets jaunes part de la base, c’est un mouvement citoyen » souligne Ribeiro. A cette heure, difficile de connaître l’ampleur la mobilisation. Est-ce que les « participants » Facebook seront sur le terrain samedi? La préfecture de la Gironde a du mal à masquer son embarras à propos de l’ampleur du mouvement. Elle a refusé de répondre à nos questions et ne souhaite pas communiquer sur les lieux de rassemblement et les trajets prévus. Il est difficile pour les Bordelais d’anticiper leurs déplacements. La mobilisation piétonne a reçu l’aval de la préfecture et un cortège pourra défiler : il partira de la place de la République, remontera le cours Victor Hugo, pour arriver à la Victoire.
Des manifestations légales?
L’hypothèse d’un blocage de la rocade par d’autres groupes est réel. Certains appellent les automobilistes à « masquer les plaques d’immatriculation ». C’est le cas de la page Facebook « Blocage national contre la hausse du carburant » incitant les participants à se réunir sur le parking du parc des expositions, pour ensuite bloquer la station de péage à Virsac et le Pont d’Aquitaine.
« Concernant le blocage de la rocade, nous pensons que cela pose de sérieux problèmes de sécurité, ainsi que de légalité », soulève Alexandre Ribeiro. « Nous respectons malgré tout l’action, car notre but est le même, dénoncer la politique sociale et environnementale du gouvernement » ajoute-t-il.
Jean-François Brisson, professeur de droit public à l’université de Bordeaux, précise le régime de la liberté de manifester.
Reste à savoir si une colère éparse est une colère efficace.
Clément Bouynet