A la librairie Mollat le 5 février, Ta-Nehisi Coates dénonce le racisme ancré dans la société américaine. Originaire de Baltimore, l’auteur de « Une colère noire » n’épargne pas la France pour autant.
35% des votes pour Donald Trump dans le New Hampshire. Trump, ce candidat républicain persuadé que les immigrés mexicains sont « des dealers, des criminels, des violeurs ». Un succès révélateur du racisme aux Etats-Unis.
C’est tout du moins l’avis de Ta-Nehisi Coates, invité de la librairie Mollat le 5 février. L’auteur du best-seller « Une colère noire – Lettre à mon fils » commence par raconter une expérience qui fait froid dans le dos. Un jeu vidéo développé par l’université du Colorado vous met dans la peau d’un policier, une arme à la main. La majorité des joueurs a eu plus tendance à tirer sur les hommes noirs que sur les hommes blancs… La preuve, selon Coates, qu’il existe un racisme latent aux Etats-Unis. « On se sent plus en danger face à un homme noir qu’à un homme blanc », assène-t-il dans un sourire crispé. Et cela est aussi valable pour les policiers noirs, ce qui prouve selon Coates à quel point ce biais est systémique, ancré dans la façon de penser.
Pour lui les élections ne changeront rien, quel que soit le résultat. Après tout, c’est sous le mandat d’un président noir que des policiers blancs ont tué de jeunes noirs en toute impunité. Un président noir ne signifie pas la fin du racisme. « Ce n’est pas parce qu’une femme est à la tête du Pakistan que c’est la fin du sexisme dans ce pays ! ». Selon une enquête du Pew Research Center menée en 2015, 50% des Américains pensent qu’il y a un réel problème de racisme dans la société, contre 33% en 2014.
« Peur »
Aux Etats-Unis, Coates est Noir avant d’être auteur. S’il a reçu le prestigieux National Book Award pour « Une colère noire », il reste rongé de « peur » pour son intégrité physique et celle de son fils. A Baltimore, sa ville natale, le nombre de meurtres a atteint un pic en 2015. Plus de trois cents tués par balle.
Vu de l’hexagone, les petites phrases polémiques de Trump choquent. Mais pour Coates « Donald Trump n’est pas plus raciste que Marine Le Pen ». « Rejeter les étrangers, c’est une façon de construire une identité avec ses électeurs. Une vieille ficelle politicienne… », analyse l’auteur. Cela n’empêche d’ailleurs pas les minorités de soutenir le candidat républicain, car elles se sentent intégrées dans cette identité américaine. Il fait campagne sur le thème « Vous n’êtes pas des étrangers et ces étrangers ne sont pas vous ». Un discours qui rappelle étrangement celui du Front National. Finalement, souligne Coates, « la politique américaine n’est pas si différente de la politique française ».