Selon un sondage réalisé par l’IFOP et Bilendi à l’occasion du Sidaction, le sentiment d’information sur le VIHchez les jeunes a chuté de 10 points par rapport à 2014, un constat inquiétant, qui interroge sur les mesures de prévention et d’information.
30 ans après l’apparition de la maladie et malgré de nombreuses campagnes d’information, seuls 79% des 15-24 ans estiment qu’ils sont bien informés sur le VIH. « Il y a moins d’informations sur le VIH et moins de personnes qui parlent de leur séropositivité. La perception du risque s’éloigne, y compris des IST (infections sexuellement transmissibles), souligne Florence Thune, directrice des programmes France du Sidaction.
« Le contexte est aujourd’hui plus difficile, les associations qui interviennent dans les lycées remontent que l’éducation à la sexualité est plus un tabou qu’auparavant. Nous constatons plus de réticence de la part des chefs d’établissement et des parents. Il nous apparait nécessaire d’investir d’autres lieux que l’école comme les lieux sportifs, d’animation des jeunes, des lieux qui permettront de libérer la parole », précise Florence Thune.
Pourtant, depuis 2011, l’épidémie ne recule plus. 6 000 personnes en France ont été diagnostiqués séropositifs en 2015 et 12% d’entre elles avaient moins de 25 ans, selon le point épidémiologique de l’agence de santé publique publié le 23 mars 2017. Près d’un Français sur deux, qu’il soit en couple ou non, estime qu’il a moins de risques que les autres d’être contaminé par le VIH.
« C’est une génération qui a été moins marquée, moins impliquée donc ce n’est pas étonnant qu’un certain nombre d’entre eux ignore les informations sur le VIH. La maladie a été banalisée pour éviter la stigmatisation des personnes, des groupes très exposés », précise Mathieu Brancourt, journaliste au magazine « Remaides ».
Les idées fausses persistent
« D’un côté les jeunes ont globalement confiance dans le préservatif mais un quart pense qu’un préservatif ne suffit pas à se protéger en cas de rapport avec une personne séropositive. Dès qu’on introduit la notion de partenaire séropositif, la peur revient. Ce n’est pas rationnel, on est face à une peur fantasmée », souligne Florence Thune.
Malgré les campagnes d’information, certaines fausses croyances persistent chez la jeune génération. Ils sont 21% à penser qu’il existe un vaccin pour empêcher la transmission du virus du Sida. Plus inquiétant, 17% des 15-24 ans pensent que l’on peut être infecté par le VIH en buvant dans le verre d’une personne séropositive et 18% en s’asseyant sur un siège de toilettes publiques. Ils sont 15% à penser que l’utilisation d’un produit de toilette intime est efficace contre la transmission du virus.
La prévention auprès de la jeune génération est essentielle
Concernant les méthodes de prévention, les réponses des Français révèlent de véritables lacunes. Seule une personne sur deux sait par exemple qu’il existe désormais un auto-test de dépistage du sida vendu en pharmacie et 42% des Français estiment par ailleurs être mal informés sur les lieux de dépistage du sida.
La ministre de la santé Marisol Touraine vient d’annoncer une stratégie globale d’amélioration et de promotion de la santé sexuelle, un plan qui vise en priorité les adolescents de moins de 15 ans. Le ministère de la santé souhaite que 100% des élèves bénéficient durant leur scolarité d’une formation à l’éducation à la sexualité et à la santé sexuelle.
La prévention des maladies et infections sexuellement transmissibles et la promotion de la recherche font également partie de ce plan. «L’objectif de cette stratégie est ambitieux : faire en sorte, dès 2020, que 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que 95 % des personnes séropositives aient accès à des traitements et que 95 % des personnes sous traitement aient une charge virale indétectable», précise le communiqué de presse du ministère de la santé.
« Il est important que ce plan soit lancé avant une nouvelle mandature. C’est une note claire de que qu’il faut déployer pour atteindre les objectifs et développer l’accès à l’information. Il implique des moyens, des ambitions et que l’ensemble des acteurs travaillent ensemble. Il faut une politique claire et constante. Le sida n’a pas de couleur politique, la santé publique nécessite une réponse pragmatique », souligne Mathieu Brancourt.