“Macron, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue !” On l’entend. On le voit. Les jeunes ne cessent de grossir les rangs des manifestant·es contre la réforme des retraites. Pour le plus grand bonheur de l’intersyndicale, et au grand désespoir des intellectuel·les de plateau qui refusent de comprendre pourquoi cette génération se mobilise contre une réforme qui ne la touchera que dans cinquante ans. Comme si ce n’était pas elle l’avenir. Comme si la solidarité intergénérationnelle était impensable. Comme si le passage en force sur le projet de loi sur la réforme des retraites n’était pas un enjeu de mobilisation en soi. Le recours à l’article 49.3 a pourtant bel et bien ravivé la colère d’une jeunesse déjà échaudée par l’inaction climatique et la précarité étudiante.
D’après le syndicat étudiant UNEF, plus de 75 universités et établissements sont aujourd’hui bloqué·es ou occupé·es. Les étudiant·es ont des causes à défendre et iels aimeraient avoir des interlocuteur·rices respectueux·ses de leurs demandes. Plus encore, iels aspirent à revivifier la démocratie. Vincent Tiberj, professeur à Sciences Po Bordeaux, explique que l’ère des “citoyen·nes déférent·es”, qui laissent les élites choisir à leur place, est dépassée. Fini la délégation du pouvoir sans broncher. Face à l’exécutif, se dresse actuellement une jeunesse pour qui “voter ne suffit plus”. Pour qui s’approprier des modes d’action politique alternatifs est devenu la seule solution pour se faire entendre.
Sofiane Orus-Boudjema et Léa Petit Scalogna sont allé·es à la rencontre de ces jeunes qui se soulèvent. Reportage en immersion sur le campus de la Victoire où la démocratie s’organise en direct.
Bien sûr, “la jeunesse n’est qu’un mot”, pour citer le sociologue Pierre Bourdieu. La variété des profils des manifestant·es nous montre combien ce groupe est hétérogène. Dans un podcast narratif, Camille Hurcy et Sara Jardinier donnent la voix à des slogans qui racontent cette nouvelle effervescence.
À cet embrasement, prennent également part des black-blocks et des manifestant·es en cortège sauvage, déterminé·es à faire avancer leur cause, quoi qu’il en coûte. Zeina Kovacs brosse le portrait de ces miliant·es pour qui la violence est nécessaire pour imposer leurs idées.
Une chose est certaine : les jeunes engagé·es rêvent toutes et tous d’une nouvelle société dans laquelle iels seraient considéré·es à leur juste valeur. Charge aux journalistes de les comprendre et aux institutions politiques de répondre à leur demande. Sous peine d’entretenir une atmosphère inflammable.
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Crédit photo de une : Timothée Gimenez
Adam Lebert @adam_lebert