
Alors que la saison estivale s’installe, Emmanuel Macron a décidé de s’attaquer à un nouveau serpent de mer : celui des « temps de l’enfant ». Parmi les sujets concernés par la nouvelle convention citoyenne, le raccourcissement des vacances d’été, un débat qui déchaîne les passions jusqu’à la sortie des écoles.
École Paul Bert, centre de Bordeaux, 16h30. Un carillon annonce mélodieusement la fin des cours, et sa musique est vite recouverte par les cris d’enfants. L’air tiède et les rayons du soleil annoncent un été proche, synonyme de grandes vacances.
Mais voilà, Emmanuel Macron a annoncé au Parisien vouloir rouvrir une boîte de Pandore restée fermée depuis 2013 et le quinquennat Hollande, celle des « temps de l’enfant ». Derrière ce nom poétique, on retrouve en réalité une multitude de sujets autour de l’éducation nationale : durée des journées à l’école, horaires d’entrée, de sortie… et longueur des vacances scolaires, notamment celles d’été, synonymes de perte de niveau scolaire selon le chef de l’État.
« Rares sont les parents qui ont droit à deux mois de vacances sur l’été », remarque une jeune maman récupérant ses enfants, « et puis si ça permet de rattraper le retard scolaire de la France… » Mais tous·tes ne sont pas de son avis : car en jeu, il y a aussi le risque de surtourisme et de concentration des vacancier·ières sur les mêmes périodes. « Je préfère garder les deux mois de vacances, si on raccourcissait ce temps, ça concentrerait trop d’activités et de personnes en même temps », analyse un papa sur la route du judo avec ses enfants. À l’évocation de la question, un sincère « on touche pas à mes vacances ! » de la part de son fils donne le ton des premier·ières concerné·es.
Le secteur du tourisme en première ligne
La France fait partie des pays les mieux logés en termes de vacances cumulées sur l’année : 36 semaines en classe pour 16 en vacances, contre dix au Danemark ou neuf en Allemagne. En revanche, elle se situe plutôt dans la tranche basse pour la durée de ses grandes vacances, qui vont jusqu’à quatorze semaines en Italie comme au Portugal.
Parmi les premier·ières concerné·es par une telle mesure, le secteur du tourisme. « Il y aurait moins de place dans les avions, les hôtels, les gens seraient concentrés dans des endroits et ce serait plus compliqué de trouver des dates », explique Ophélie, employée dans une agence de voyage grand public. Pour elle, raccourcir les vacances pourrait se traduire par une perte de bénéfice considérable, avec une potentielle hausse des prix des voyages. « Il faut que ça reste accessible au plus grand nombre », déplore-t-elle.
Une question houleuse également au sein du corps professoral, qui dénonce déjà une tentative de diversion des problèmes vécus par l’éducation nationale, parmi lesquels le manque d’enseignant·es.
Ce débat prendra la forme d’une convention citoyenne, à partir du mois de juin jusqu’à l’automne voire la fin 2025.
Alix VILLEROY