L’annonce est tombée aujourd’hui : il sera désormais interdit de consommer de l’alcool dans toute la zone où le port du masque est obligatoire à Bordeaux. Une décision prise conjointement par la mairie et la préfecture, quelques jours après les nombreux regroupements de jeunes Bordelaises et Bordelais le week-end dernier.
Avec l’arrivée d’une météo printanière, les Bordelaises et les Bordelais étaient nombreux à se retrouver sur les quais de la Garonne, en ce dernier week-end de février. C’est pourquoi Pierre Hurmic, maire de la ville infiltré dans la foule, a fait part dimanche soir à nos confrères de Sud-Ouest de sa préoccupation face à cette “surfréquentation” aux abords du fleuve, notamment autour des bars servant des bières à emporter. L’édile avait par ailleurs promis d’examiner dès le lendemain des mesures permettant de mettre un terme aux “comportements dangereux de quelques irresponsables » en particulier concernant la consommation d’alcool ou l’absence de masques.
Après moins de trois jours de réflexion, la décision est prise et officialisée par un arrêté préfectoral. Contactée par Imprimatur, ce mercredi 3 mars, Sylvie Justome, adjointe au maire chargée de la sécurité sanitaire, de la santé et des seniors, nous confiait : “La consommation d’alcool dans le périmètre où le port du masque est obligatoire sera proscrite pour limiter la propagation du virus.« . L’arrêté, publié plus tard dans la journée, précise que l’interdiction sera valable entre 11h et 18h.
Sur demande de la municipalité et en accord avec la Préfète de Gironde, Fabienne Buccio, les contrôles de police seront renforcés sur tout le périmètre allant de l’est des quais de la rive gauche au Cours d’Albert, et à l’ouest du Cours de la Martinique au Cours de la Marne. La rive droite, où le port du masque n’est pas obligatoire et les espaces verts nombreux, est aussi concernée.
“Un couvre-feu précoce n’est pas adapté à une grande ville comme Bordeaux”.
Cette mesure provisoire vise a empêcher la fermeture stricte des quais, solution de dernier recours pour Pierre Hurmic. Les bars servant des bières à emporter ne connaissent pas encore tous leur sort. Plusieurs d’entres eux, bien connus des étudiants girondins, se sont déjà vu signifier une fermeture administrative cette semaine.
Le maire avait pourtant fait couler de l’encre dans la presse nationale la semaine dernière en annonçant vouloir repousser le couvre-feu de 18h à 20h. Sylvie Justome assume cette position : “Ce que l’on observe avec ce couvre-feu précoce c’est un entassement entre 17h30 et 18h dans les magasins dit « essentiels » ainsi que dans les transports en commun. Cela n’est pas adapté à une grande ville comme Bordeaux”. Contactée par Imprimatur, la préfecture de la région Nouvelle Aquitaine précise cependant : “L’allégement des mesures sanitaires n’est pas d’actualité en Gironde (…) le virus est toujours présent sur notre territoire et la propagation des variants appelle à la plus grande vigilance de tous”.
Pour Thomas, « difficile d’envisager l’interdiction de la consommation d’alcool sur les quais. Peut-être que sanitairement parlant, il faut interdire ces comportements, mais je pense que la liberté individuelle doit primer. »
Crédits photo : Luca Campisi
Edouard et Arthur, eux, semblent résignés : « Après le couvre-feu, l’interdiction de boire des verres en plein air. La suite ? On se dirige tout droit vers un confinement. »
Crédits photo : Luca Campisi
Conseil de résilience sanitaire
L’allègement des restrictions sanitaires ce n’est donc pas pour tout de suite, même en Nouvelle-Aquitaine où le nombre de contaminations reste bien inférieur à certaines régions françaises (122 cas pour 100 000 habitants la semaine dernière). Marik Fetouh, conseiller municipal d’opposition et président de la commission des finances juge “totalement irresponsable la proposition de repousser le couvre-feu à 20h, surtout avec la présence grandissante du variant anglais dans la région”. Contre la fermeture définitive des quais, l’élu plaide pour que la majorité “fasse preuve de plus de pédagogie et de réactivité face à de tels enjeux”.
Si un “conseil de résilience sanitaire” a bien été créé en octobre 2020 à Bordeaux, il ne statue pas sur d’éventuelles mesures sanitaires restrictives de court terme. Denis Malvy, co-président du Conseil et membre du comité scientifique National, nous confie : “Les supputations technico-techniques ne m’appartiennent pas, c’est la préfecture et les mairies tranchent (…). Nous travaillons sur des échéances de deux mois, pas à ce que doivent faire les gens avec leur canette de bière quand ils traversent la Garonne”. De leur côté, de nombreuses grandes villes comme Paris et Toulouse ont pris des mesures de fermeture de certains lieux de regroupement en plein air, avec l’arrivée des beaux jours. A qui le tour ?
Joseph Lacroix-Nahmias et Luca Campisi
Crédits image : AF
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