Médias syriens : la voix de l’exil

Mars 2011, la révolution éclate en Syrie. Alors que le peuple se soulève, les médias alternatifs se multiplient dans le pays, brisant le monopole étatique sur l’information. Coincés entre le régime autoritaire de Bachar Al Assad et les cris de l’opposition, certains journalistes choisissent l’exil.

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« Il y a une volonté de parler à tous les Syriens mais moralement je ne peux pas rester neutre », lâche Iyad Kallas, d’un ton désabusé. Arrivé en France en 2009, ce journaliste syrien à crée, en 2011, la radio SouriaLi, à Bordeaux. « A travers ce média, j’ai souhaité redonner la parole aux Syriens et les réunir autour de la culture. Mais je refuse d’accueillir à l’antenne des membres du régime Al-Assad. Nous ne fréquentons pas les criminels de guerre ».  Au total, 500 000 auditeurs en Syrie l’écoute chaque jour. Comme lui de nombreux journalistes ont quitté la Syrie, afin de protéger leur liberté d’expression.

La plupart ont pris le chemin de la Turquie ; un choix pour le moins dangereux au vu de la vague de répression qui s’abat sur les journalistes turcs.

Depuis le putsch raté du 15 juillet 2016, 177 médias ont été fermés par Erdogan. Mais les journalistes syriens sont pour le moment épargnés par cette vague liberticide. Alors que le régime turc met en prison ses propres journalistes, il accueille à bras ouverts ceux qui s’opposent au régime de Bachar Al-Assad. « Ankara  finance certains médias d’opposition, c’est pour cela qu’ils viennent s’installer sur leur territoire », explique Iyad Kallas. A travers cette action, l’état turc tente de précipiter la chute du dictateur syrien.

«  Nous travaillons en Turquie depuis maintenant trois ans et nous n’avons jamais eu de problèmes. Les autorités du pays savent ce que nous faisons mais à partir du moment où nous n’interférons pas dans leurs affaires, tout se passe bien », souligne Amer Doko, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Enab Baladi, fondé en 2013 à Daraya, une ville tenue par les rebelles.

Si la majorité des médias ont fui le pays, tous s’appuient sur des correspondants restés en Syrie. Leur présence sur le territoire constitue un soutien indispensable aux journalistes exilés, mais empêche bien souvent de couvrir de manière convenable certains crimes. Radio SouriaLi emploie vingt-sept correspondants, dont quatre sont toujours en Syrie. « Leur sécurité reste notre priorité, certains sujets sont plus délicats comme les droits LGBT ou encore le Front al-Nosra», admet Iyad Kallas.

L’hebdomadaire Souriatna possède huit correspondants et quinze à temps partiels, répartis sur tout le pays. « La rédaction de Souriatna est basée à Istanbul mais la plupart de mes collègues travaillent encore à l’intérieur de la Syrie.  Beaucoup de photographes et de journalistes nous aident à relayer l’information sur place. Il y en a partout : dans les zones controlées par le régime d’Assad et par l’opposition. Nous en avons  même sur les terres dirigées par Daech », souligne Jawad Muna, rédacteur en chef du magazine Souriatna.

Les médias syriens sont confrontés à de nombreux défis. Un métier dangereux pour des journalistes qui prennent tous les risques. En 2016, dix-neuf journalistes sont morts en Syrie, d’après l’étude réalisée par Reporters sans frontières.

Ci-dessous, quelques exemples de couvertures du magazine syrien Souriatna.

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