
Les blouses blanches disent non à la loi Garot votée aujourd’hui par l’Assemblée nationale avant de passer au Sénat. Le but : combattre les déserts médicaux. En Gironde, on compte plus de 10 000 médecins alors qu’en Corrèze seulement 181 médecins généralistes sont présent·es sur le territoire.
Les débats font rage depuis quelques semaines dans toute la France. Les étudiant·es de Bordeaux et d’ailleurs sont descendu·es dans les rues pour manifester contre l’adoption partielle du texte de loi Garot. Ce texte obligera les futurs médecins à s’installer dans les territoires sous-dotés, plus communément appelés « déserts médicaux ». L’Association nationale des étudiants en médecine de France, l’ANEMF, parle d’une fausse solution à un vrai problème. Leur argument phare ? La solution ne serait pas l’obligation d’aller dans certains territoires mais plutôt la formation de plus de médecins. Alors forcément, celleux qui tiennent à bout de bras le système aujourd’hui s’épuisent. Gardes à répétition, de nuit comme pendant les week-ends, études longues… Face aux conditions de formation déjà très difficiles des futur·es médecins, la liberté d’installation serait donc le dernier privilège de la profession, auquel les étudiant·es ne comptent pas renoncer.
L’association étudiante dénonce des critères de déserts médicaux trop laxistes. Plus de 4 000 communes françaises, en besoin de médecins, seraient privées des nouveaux·elles praticien·nes à cause des critères de la dénomination de « désert médical ». Les étudiant·es en médecine soulignent donc une inégalité au cœur du texte de loi.
« Il faut une réponse urgente pour une situation d’urgence »
Une partie du corps médical ainsi que certaines associations sont favorables à cette loi, comme l’Association de citoyens contre les déserts médicaux. Cette dernière a été auditionnée en avril par la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen du texte. L’association est favorable à une meilleure répartition des médecins sur le territoire et éventuellement à l’augmentation des places en étude de médecine. Pourtant, Anne Orth, représentante de l’association en Charente, précise que « pour former un médecin il faut compter dix à douze ans d’études, sauf que là il nous faut une réponse urgente pour une situation d’urgence ». Pour elle, la solution urgente porte un nom : la loi Garot.
Anne Orth se livre sur sa situation personnelle. En Charente, son village de Chalais est considéré comme une Zone d’intervention prioritaire (ZIP). Chez elle, il ne reste plus que deux médecins et « tous deux partent à la retraite l’année prochaine, alors on fait comment ? » s’inquiète-t-elle. Comme dans d’autres communes françaises, à Chalais des aides financières à l’installation des médecins existent pour inciter les praticien·es à venir. Quand l’argent ne suffit plus, il reste le sourire d’Anne Orth qui promet que « les prochains médecins seront accueillis avec pompom girls et tapis rouge ». À bon entendeur·euse…
Emma BEVEVINO