Les syndicats de la fonction publique ont manifesté ce mardi 19 mars pour réclamer une hausse de leur rémunération alors que les dernières revalorisations n’ont pas compensées l’inflation.
Plus de 360 000 agents publics ont manifesté ce mardi 19 mars pour réclamer une amélioration de leurs conditions salariales. La mobilisation a été lancée à l’initiative des huit syndicats représentatifs du secteur : CFDT, CFE-CGC, CGT, FA, FO, FSU, Solidaires et Unsa.
Dans un communiqué commun, les syndicats dénoncent « l’absence de toute perspective de mesures générales d’augmentations des rémunérations dans la fonction publique ». Ils demandent la revalorisation du point d’indice qui permet de calculer la rémunération des agents publics. Augmenté de 3,5% en juillet 2022 et de 1,5% l’année suivante, en pleine crise inflationniste, l’indice avait été gelé pendant douze ans entre 2010 et 2022. À l’exception d’une hausse de 1,2% en 2016 sous le mandat de François Hollande.
Depuis 2000, la valeur du point d'indice n'a jamais compensé les épisodes inflationnistes.
"Le point d’indice augmente moins vite que l’inflation depuis 20 ans. Quand vous êtes en retard de 2% chaque année, cela se cumule. Et au bout d’un moment, cela fait beaucoup", commente Matthieu Montalban, maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux. Les agent.es du service public perdent donc en pouvoir d’achat puisque les salaires augmentent moins vite que les prix.
Une politique qui favorise l’évolution en grade et les primes
Pourtant, les rémunérations moyennes de la fonction publique augmentent. "On a des phénomènes qui masquent le problème comme le glissement “vieillesse-technicité” : les agents évoluent en grade au fur et à mesure de leur carrière et mécaniquement cela fait augmenter leur salaire respectif. Mais ce n’est pas un changement du point d’indice global", explique l’économiste. À l’échelle nationale, les évolutions de carrière couplées au vieillissement des travailleurs expliquent la hausse moyenne des rémunérations.
Mais l’immobilité du point d’indice entraîne une baisse du niveau de vie des fonctionnaires. Pour Matthieu Montalban, il y a clairement “une dévalorisation sur l’ensemble de la carrière, que ce soit à l’entrée ou à la fin. Un maître de conférences à l’université est par exemple embauché à 1,3 Smic, là où au début des années 1980 il touchait l’équivalent de deux Smic”.
Pour tenter de compenser le retard pris par les salariés du secteur public, les primes se multiplient, comme celle dite “au mérite” instaurée en 2002 et relancée par le président Emmanuel Macron lors de son interview sur TF1 et France 2, le 14 mars dernier. Mais en plus d’être différentes en fonction des ministères, l’économiste rappelle que ces primes ne sont pas prises en compte dans le calcul des pensions de retraite : "Il y a donc aussi une dévalorisation du niveau de vie à la retraite".
Damian Cornette