Cette semaine, Imprimatur s’intéresse à l’univers de la bande dessinée à Bordeaux. Lieu de résidence dédié à la création artistique dans son ensemble, la Fabrique Pola accueille notamment trois maisons d’édition de BD. Une structure bienvenue pour ces dernières, qui apprécient de pouvoir mutualiser leurs moyens.
« On a une plus grande visibilité, on est plus près de Paris, plus près d’Angoulême. Et Bordeaux est une ville de BD ». Aurélie Oria-Badoc reconnaît volontiers que le départ des éditions des Requins Marteaux de leur ville natale, Albi, pour rejoindre la Fabrique Pola, en 2011, a été bénéfique en terme d’image.
Mais la notoriété des Requins Marteaux n’est pas arrivée du jour au lendemain après leur installation sur les bords de la Garonne. Elle existait déjà. Deux ans auparavant, Winshluss, président de la maison d’édition, avait reçu le Fauve d’or du meilleur album au festival d’Angoulême. « C’est ça le vrai tournant », confirme Aurélie Oria-Badoc. La maison édite aussi, depuis de nombreuses années, le dessinateur satirique néerlandais Willem, célèbre collaborateur de Charlie Hebdo.
Il serait donc erroné de penser que les Requins Marteaux ont déménagé dans le but de se faire connaître. Pourquoi, alors, débarquer au sein de la Fabrique Pola ? « La volonté de ne plus travailler tout seul, résume la jeune femme. Côtoyer d’autres dessinateurs nous permet de nous professionnaliser davantage ».
Pourtant, Pola, créée une dizaine d’années auparavant par des architectes, n’accueillait à ses débuts aucune maison d’édition. Les Requins Marteaux seront donc les précurseurs. Depuis, Cornelius et Fremok, elles aussi dédiées à la bande dessinée, les ont rejoints.
Une aide artistique mais pas seulement
De quoi créer des liens entre auteurs de BD, mais pas seulement puisque la Fabrique Pola accueille 19 structures, toutes en lien avec les arts visuels. « Par exemple, les auteurs de BD travaillent parfois avec l’atelier de sérigraphie juste à côté », indique Vanessa Daems, l’une des employées de la Fabrique. Les maisons d’édition ont aussi pu nouer des relations avec les libraires de la ville. Du côté des Requins Marteaux, « on s’entend très bien avec La Mauvaise Réputation et avec Mollat ».
Mais au-delà de l’aspect artistique, appartenir à une structure telle que la Fabrique Pola apporte à ses membres une aide non négligeable sur le plan administratif. « On bénéficie par exemple du service comptabilité de la Fabrique », se réjouit Aurélie Oria-Badoc. « Nous sommes vraiment un outil d’accompagnement à destination des structures que nous accueillons », corrobore Vanessa Daems.
Bientôt fixés rive droite
Seul problème : l’espace. Depuis son arrivée dans la capitale girondine, la Fabrique Pola est une véritable nomade ballotée aux quatre coins de l’agglomération. Basée à Bègles il y a encore quelques semaines, elle s’est installée en ville mais doit pour le moment se contenter d’une ancienne école, rue Fieffé, non loin de la gare Saint-Jean. Plus pour longtemps : d’ici l’automne, les éditeurs de BD, comme les autres artistes résidents, pourront s’installer rive droite, dans des locaux flambant neufs. Et définitifs, surtout.