Plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées dimanche à Bordeaux suite à l’appel de 800 collectifs pour lutter contre « l’offensive transphobe ». Un rassemblement qui entend mutualiser les luttes. Lorsque l’extrême droite attaque les droits des personnes trans, elle s’en prend aussi à l’ensemble de la société.
« La transphobie d’État ne tombera pas toute seule. Organisons-nous pour lui péter la gueule », scandent les manifestant⸱es devant le parvis de l’hôtel de ville de Bordeaux. Toutes et tous se sont réuni⸱es ce dimanche, suite à une tribune publiée dans la revue Politis, pour riposter contre les attaques transphobes qui ont saturé l’espace médiatique de l’extrême droite ces dernières semaines. Les voix de celles et ceux qu’on entend habituellement peu chantent aujourd’hui en cœur. Parmi elles, celle d’André, un homme transgenre de 26 ans, bénévole à Ancres, association d’adelphes non-cisgenres (communauté qui rassemble des personnes trans sans faire de distinction de genre). Il est le premier à prendre publiquement le micro. « On a un objectif commun : faire front contre l’extrême droite et leurs idées qui sont relayées par la droite et des membres du gouvernement ». Les témoignages s’enchaînent et sont rythmés par le bruit des tambours et des applaudissements.
« Une attaque globale »
Dans le viseur des manifestant⸱es : la proposition de loi des Républicains (LR) qui entend empêcher les transitions de genre chez les mineur⸱es. Une loi conservatrice lourde de conséquences pour les personnes concernées. « Interdire les soins ne va pas nous faire disparaître « , témoigne un manifestant trans. Tout juste adulte, il a tenu à venir pour alerter. « Ce texte risque d’augmenter le taux de suicide chez des personnes déjà fragilisées ». Plutôt discret de nature, il finit par parler de son vécu. « Si ado j’avais pu avoir accès à des stoppeurs de puberté, ça m’aurait éviter de souffrir aussi longtemps ».
Le climat d’hostilité et de désinformation qui s’abat sur les personnes trans est l’affaire de toutes et tous. Quand les personnes trans sont attaquées, c’est toute la population qui l’est aussi. Chloé, militante à l’AG féministe de la Gironde, est claire : « On est dans une attaque globale contre la jeunesse, les personnes migrantes, une attaque islamophobe. On commence par les personnes dont les problématiques sont les plus ignorées et on finit par globaliser les oppressions ». Ce rassemblement est aussi l’occasion de rappeler que pour lutter contre la transphobie, encore faut-il donner la parole aux personnes concernées, mais surtout les écouter.
Retrouvez le reportage complet dans le journal d’Imprimatur spécial radio.
Julie Conrad