Crise budgétaire : la Gironde adopte un Plan de retour à l’équilibre

Le Conseil départemental a adopté ce lundi 1er décembre un Plan de retour à l’équilibre. Prévoyant 91,74 millions d’euros d’économie sur trois ans, il a pour objectif de résorber les 101 millions d’euros de déficit du Département. L’opposition a appelé à la démission du président du Département.

Ce lundi 1er décembre, un seul élément était inscrit à l’ordre du jour de la séance plénière du Conseil départemental : l’adoption du Plan de retour à l’équilibre (PRE), chargé de redresser les finances du Département d’ici 2028. Avec 101 millions d’euros de déficit sur un budget de 1,8 milliard d’euros, la Gironde connaît la plus grave crise financière de son histoire et a frôlé la mise sous tutelle de l’État. 

En effet, après la présentation d’un budget en déséquilibre le 13 octobre dernier, le préfet a saisi la Chambre Régionale des Comptes (CRC). Elle a alors contraint le Département à préparer un plan de redressement pour aboutir à des économies d’au moins 73 millions d’euros. Plus ambitieux que les recommandations de la CRC, le plan proposé par le Département prévoit 91 millions d’euros d’économies sur trois ans. 

Celui-ci a été largement adopté (50 voix sur 66). Sa rigueur et sa précision technique ont été unanimement saluées, y compris par les élus du groupe d’opposition Gironde Avenir (droite et centre). Ces derniers ont néanmoins, à l’exception d’un seul élu, opté pour la mention NPPV (ne prend pas part au vote), estimant que ce document n’était que la traduction d’une exigence de la CRC. Ainsi, les débats ont moins porté sur le plan lui-même que sur la responsabilité de la majorité dans cette débâcle budgétaire.

Appel à la démission

Quatre heures durant, majorité et opposition se sont renvoyés les responsabilités. Révélateur de la polarisation politique de l’hémicycle, le débat a été marqué par des « propos durs » envers la majorité, a regretté son président, Jean-Luc Gleyze.

Jacques Breillat, président de Gironde Avenir et maire de Castillon-la-Bataille, a dénoncé des « mensonges », une « manœuvre dilatoire » et une « cavalerie budgétaire ». En cause notamment, le vote d’un budget primitif à l’équilibre en mars 2025, avant que le Département n’intègre en juin un premier déficit du compte administratif de 40 millions d’euros, puis un retard de paiement de factures anciennes à hauteur de 37 millions d’euros, pourtant connues depuis 2024. S’appuyant sur l’avis de la CRC, qui pointait une « insincérité budgétaire », Gironde Avenir accuse la majorité d’avoir ignoré les signaux d’alertes sur la situation financière de Gironde, et d’avoir même tenté de les dissimuler. 

Jacques Breillat ne nie pas le problème structurel de baisse des recettes que connaît la Gironde. Mais « c’est la façon dont cela a été géré qui n’est pas acceptable.» Pour marquer la rupture de confiance envers le président du Département, il a donc demandé sa démission.

Celui-ci l’a refusée catégoriquement : « démissionner, c’est fuir les responsabilités. » Il a toutefois accepté d’engager sa responsabilité. Revendiquant un « droit à l’erreur » et à la « correction des fautes », il conditionne son avenir politique à la réussite de ce plan de redressement.

De son côté, la majorité relativise. Pour Corinne Martinez, vice-présidente chargée des Finances et achats, « demander la démission n’a pas de sens. Nous ne sommes pas en train de couler. Il nous reste 1,8 milliard d’euros de budget, on ne va pas baisser les bras. »

La majorité sous surveillance

Le plan a été adopté sans difficulté, certes. Mais les élus d’opposition n’ont pas caché leur scepticisme sur la capacité du Département à appliquer ce plan ambitieux. Pour Jacques Breillat, le véritable rendez-vous démocratique sera le vote du budget 2026, prévu le 19 janvier. Il espère que la majorité saura instaurer un cadre de travail garant d’un débat ouvert, et rétablir un minimum de confiance dans l’hémicycle. 

Quant au Plan de retour à l’équilibre, il a été transmis dès son adoption à la Chambre régionale des comptes. Il revient désormais aux magistrats financiers de la CRC de l’approuver sous quinze jours. S’il est validé, la priorité du département sera de régler les 37 millions d’euros de factures impayées. En cas de rejet du PRE, le Département s’expose à une mise sous tutelle préfectorale. Le préfet et la CRC prendront la main sur les finances départementales pour rétablir au plus vite l’équilibre financier, au prix de coupes drastiques des financements publics et d’une perte de liberté d’agir des élus. 

Coline TRYSTRAM

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