Conclave : « Nous avons besoin d’un pape qui n’oppose pas les uns aux autres »

Pour Jean-Clément Guez, recteur à la cathédrale Saint-André (Bordeaux), « l’Église a besoin d’une véritable communion ».
© Pablo Perez

Deux semaines après la mort du pape François, 133 cardinaux se réunissent ce mercredi en conclave à Rome pour élire le 267e pape de l’histoire. Jean-Clément Guez, recteur à la Cathédrale Saint-André de Bordeaux, insiste sur « la communion » que représente un tel évènement.

Imprimatur : Au-delà de la fameuse cheminée qui annonce l’élection d’un nouveau pape, quelle importance ce conclave a-t-il pour l’Église ?

Jean-Clément Guez : Il faut quand même admirer le côté scénarisé de la chose. Pendant deux ou trois jours, toutes les caméras du monde vont être braquées sur un tube en laiton ou en cuivre, avec un petit chapeau et deux fils qui le tiennent. Les cardinaux sont, certes, enfermés dans la chapelle Sixtine mais ils savent qu’une communion spirituelle bien plus large les supporte. Le peuple de Rome va sur la place Saint-Pierre, mais ce n’est que la partie visible. Ce qui se passe de manière beaucoup plus profonde, c’est que tous les catholiques du monde prient pour cette élection et pour le nouveau pape. Ça ne donne pas lieu à un rassemblement, pourtant c’est ce qu’il y a de plus puissant et, je trouve, de plus beau.

I. : Qu’attendez-vous du futur pape ? Doit-il prolonger l’héritage de François ?

J.-C. G. : L’Église est appelée « catholique », soit « universelle » en grec. Le pape doit donc assurer la communion la plus large possible. Nous avons besoin d’un pape qui n’oppose pas les uns aux autres. Le pape François a souvent fait le choix d’aller visiter des minorités, des situations  « aux frontières », comme il le disait. De fait, il a attiré l’attention sur des problématiques très graves et pertinentes (engagement auprès des plus pauvres, des personnes migrantes et pour la paix à Gaza et en Ukraine, ndlr). Maintenant, il faut parvenir à toutes les amener dans la vie de l’Église comme quelque chose de beaucoup plus normal. Aujourd’hui, le poids démographique de l’Afrique ou de l’Asie est différent de ce qu’il était, et la place de l’Europe ou de l’Occident n’est plus la même qu’avant. De ce point de vue-là, le pontificat du pape François a été important parce qu’il a reconfiguré le collège des cardinaux en tenant compte de cette nouvelle démographie.

I. : Au vu des rapports de force qui existent dans l’Église, un nom se détache-t-il ?

J.-C. G. : D’un point de vue extérieur, on regarde les poids des différents continents, si un tel est progressiste ou non… Mais qu’est-il vraiment en train de se passer dans ce groupe de 133 personnes qui prient et votent ensemble plusieurs fois par jour ? Personne ne le sait. Alors oui, il peut y avoir des « logiques de partis » mais les cardinaux qui se réunissent n’ont, jusqu’ici, pas eu l’occasion de travailler ensemble et ne se connaissent pas forcément. Tout est extrêmement ouvert, je n’ai pas de pronostic à faire. En revanche, ce que je souhaite vraiment c’est que ce conclave soit l’occasion, pour les cardinaux, de travailler ensemble, de prier ensemble. Et donc que le futur élu puisse s’appuyer sur un collège des cardinaux qui soit une véritable communion, ce dont l’Église a besoin.

Propos recueillis par Pablo PEREZ

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