Banksy à Bordeaux : une expo gratuite pour un artiste insaisissable

La Cité Bleue accueille une exposition dédiée à l’artiste fantôme : Banksy. © Pierre Cazemajor

Depuis le 3 mai, la Cité Bleue de Bordeaux accueille la Banksy Modeste Collection, une exposition gratuite consacrée à l’artiste de rue le plus célèbre au monde. Visible jusqu’au 18 mai, elle intrigue autant par la force des œuvres que par l’anonymat de leur auteur.

Le ton était donné dès l’ouverture. Le samedi 3 mai, pour inaugurer la Banksy Modeste Collection, il a fallu faire tomber le mur. Littéralement. C’est à la pelle mécanique que les organisateur·ices ont créé une nouvelle entrée à l’arrière de la Cité Bleue, côté parc Brandenburg. Objectif : permettre un accès direct à l’exposition, indépendant des autres activités du lieu. Une entrée clandestine, presque illégale, qui colle parfaitement à l’esprit du street-artiste dont les œuvres y sont actuellement exposées : Banksy.

À l’intérieur, plus de 250 œuvres sont rassemblées dans un grand hangar brut, poussiéreux et non chauffé. Le décor est planté : rayonnages métalliques, meubles abandonnés, néons suspendus. On avance entre les œuvres comme dans un entrepôt squatté, à la frontière entre lieu d’art et friche industrielle.

Un artiste fantôme aux messages bien réels

Banksy est actif depuis les années 1990, probablement au Royaume-Uni. Il travaille sous pseudonyme et son identité reste un mystère. Son style, reconnaissable entre mille, mêle humour, critique politique et poésie visuelle. Il utilise la peinture au pochoir pour faire passer des messages souvent engagés : critiques du capitalisme, de la guerre, de la surveillance, du racisme, du pouvoir.

Parmi les œuvres exposées à Bordeaux, on retrouve notamment La Petite fille au ballon, peut-être son œuvre la plus connue. À côté de la silhouette d’une fillette laissant s’envoler un ballon rouge en forme de cœur, on peut lire : « Il y a toujours de l’espoir. »

L’anonymat de Banksy continue d’alimenter l’imaginaire collectif. « De visage je ne pourrais pas le reconnaître », sourit un visiteur. « C’est ce qui fait qu’il y a toute cette effervescence autour de lui », ajoute une passante. Un homme conclut : « C’est une force, parce que quelque part, c’est un Batman des arts. »

Entre mystère et message, le public adhère

Malgré la poussière et le froid du hangar non chauffé, les visiteurs se pressent. L’entrée gratuite, la renommée mondiale de Banksy et l’ambiance underground du lieu séduisent un public varié. Familles, lycéen·nes, passionné·es d’art et simples curieux·ses se croisent dans les allées étroites.

« Pour moi, c’est un symbole du street-art, affirme une étudiante. Et ce côté, “je reste inconnu” ou “j’essaye de rester inconnu”… J’aime bien. » L’exposition ne cherche pas à résoudre le mystère, mais à le faire vivre, tout en montrant la richesse et la force subversive du travail de Banksy.

Pierre CAZEMAJOR

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