François Asselineau, candidat à l’élection présidentielle, base l’essentiel de son programme sur une seule et même idée : le Frexit, la sortie de la France de l’Union européenne. A base d’articles constitutionnels et de diapos PowerPoint.
Plus de 1000 personnes ont assisté au meeting de François Asselineau, au palais des congrès de Bordeaux, jeudi 6 avril. © Elie Abergel
Une nouvelle fois, François Asselineau réussit à réunir plus de 1000 personnes dans l’un de ses meetings. Ce jeudi 6 avril, le palais des congrès fait salle comble pour accueillir le président de l’Union populaire républicaine (UPR). Un réel exploit pour celui qui rassemblait à peine 150 personnes un an et demi plus tôt lors d’une réunion publique de son parti, dans cette même ville. La veille, à Toulouse, ils étaient plus de 800 à écouter celui qui se revendique être « le candidat du Frexit ». Depuis le débat télévisuel du début de semaine, la vie de François Asselineau a pris une nouvelle tournure. Il le reconnaît lui même, avec une certaine ironie. « En l’espace de 48 heures, j’ai compris ce qu’était le sort de Madonna ». Une popularité nouvelle pour l’énarque de 59 ans, qui vante même son affluence lors de ses réunions publiques. « J’ai entendu que Manuel Valls réussissait à réunir 200 personnes à ses meetings, pendant la primaire de gauche », affirme François Asselineau, avec une certaine moquerie.
« 0,0% d’intentions de vote »
L’homme est à l’aise devant le public. Les rires de la salle en attestent. Il se félicite qu’aucun candidat ne l’ait « contredit durant le débat, car tous tétanisés ». Le président de l’UPR veut se démarquer des dix autres candidats. Même si, comme la majorité des présidentiables, il s’attaque aux médias et aux sondages, qui le créditent de « 0,0% d’intentions de vote ». L’introduction terminée, vient ensuite le déroulé de l’exposé, préparé minutieusement par François Asselineau. Orchestré autour d’un thème essentiel, le Frexit. Comprenez la sortie de la France de l’Union Européenne, comme l’ont décidé les britanniques il y a près d’un an maintenant. Au fond de la scène est installé un écran géant. Il permet de diffuser une vidéo des dix candidats à l’élection présidentielle, réclamant tous « une autre Europe ».
Derrière François Asselineau, son programme exhaustif diffusé via un PowerPoint. © Elie Abergel
Le pouvoir du PowerPoint
Devant une foule qui l’a en partie découvert mardi 4 avril, lors du débat présidentiel suivi par plus de six millions de personnes, il estime que le maintien de la France dans l’Europe est responsable de tous les maux du pays. Tant au niveau économique, qu’environnemental, voire sécuritaire. Celui qui a créé son parti il y a tout juste dix ans fait défiler un PowerPoint, sur l’écran géant dans son dos. L’outil remplace le traditionnel discours d’un homme politique. Asselineau ne fait que répéter les points marquants projetés derrière lui. Les articles constitutionnels s’enchainent, prouvant, selon lui, qu’une sortie de l’Euro est possible et viable économiquement. Et mettrait fin « à la ruine qu’entraine cette monnaie ». La salle s’enflamme après cette nouvelle critique de l’Europe. Les sympathisants agitent leurs drapeaux tricolores, comme on peut le voir dans bon nombre de meetings, où l’euroscepticisme domine les débats. Il n’hésite pas à se vanter de connaître la constitution, contrairement « aux autres (candidats, ndlr) qui ne les connaissent pas, c’est pour ça qu’ils n’en parlent pas ». Il déplore également le maintien de la France dans l’OTAN, qui « nous entraîne dans les guerres ».
Tout est bon dans le Frexit
Le meeting a débuté il y a plus de deux heures maintenant. Tous les spectateurs restent attentifs aux paroles de François Asselineau, malgré l’heure tardive. Seuls quelques uns quittent prématurément la soirée. Il continue néanmoins son exposé, rondement mené. Comme Marine Le Pen, il estime que c’est « la mondialisation qui est responsable de la détérioration de l’environnement ». Pour lutter contre le terrorisme, le président de l’UPR, prône…. le Frexit ! « Ne plus être impliqué dans des guerres illégales, renforcera le sécurité intérieure », selon ce dernier. 23 heures, passées. Une énième page du PowerPoint s’affiche : « Mon programme ne se limite pas au Frexit ». Il faut certainement le voir pour le croire. Parmi ses autres propositions, il souhaite que tous « les élus de la République aient un casier judiciaire vierge ». Un coup de pouce serait apporté au SMIC, à hauteur de 1300 €. « Grand défenseur des lanceurs d’alerte », François Asselineau donnera l’asile politique à Edward Snowden et Julian Assange, s’il est élu le 7 mai prochain.
Pierre Barbin
Vidéo : Elie Abergel & Benoit Donnadieu