Bordeaux : sommée de quitter les lieux, l’association La Piraterie souhaite protéger ses locaux

Depuis près de huit ans, l’association La Piraterie occupe un bâtiment appartenant à Bordeaux Métropole. Elle est aujourd’hui menacée de devoir lever le camp. Pour protester contre cette décision, une pétition a été lancée.

10 rue du Haut-Brion, Bordeaux. Rachid, président de La Piraterie, ouvre les grilles du bâtiment occupé par l’association. « On a intégré cette maison il y a bientôt huit ans, on l’a prise d’assaut, comme des pirates », se rappelle-t-il. Dans la cour intérieure, plusieurs arbres, une imposante bâtisse et un drapeau palestinien, accroché sur le toit.

Rachid, président de l’association La Piraterie. © Jean Rémond

Ce bâtiment est public et appartient à Bordeaux Métropole. Problème, la bâtisse est restée vacante durant de nombreuses années (on compte près 30 000 logements vacants dans la métropole bordelaise). « Alors, on y a implanté un projet social et solidaire », précise le président de La Piraterie. Depuis, l’association héberge des personnes en difficulté et met en place des récoltes et des distributions alimentaires pour les personnes dans le besoin. 

Il convient de rappeler que le projet de l’association La Piraterie « avait été validé par la ville », comme le souligne Rachid . Un protocole avait en effet été accepté par la municipalité de l’époque, alors dirigée par Alain Juppé (également président de Bordeaux Métropole à cette période). Mais aujourd’hui, « l’équipe politique a changé et on nous demande de quitter le lieu, soi-disant pour mettre en place un projet, sans que nous ayons plus d’informations sur ce qui devrait être fait ». En réponse, l’association a lancé une pétition, réunissant plus de 200 signatures. 

Un projet d’hébergement d’urgence ?

Harmonie Lecerf-Meunier, adjointe au maire chargée des solidarités, s’explique : « Il y a deux ans, le lieu aurait dû être fermé pour réaliser des travaux et créer un nouveau lieu d’hébergement. » De quoi s’agirait-il précisément ? « On ne sait pas exactement, mais ça serait sûrement orienté vers les femmes en difficulté », avance Harmonie Lecerf-Meunier, sans plus de précisions. Et d’ajouter : « Il y a deux ans, nous avons relogé toutes les personnes qui étaient à La Piraterie. Plus personne ne devait être accueilli pour engager des travaux, sauf que ça n’a pas été respecté. »

Il est vrai qu’actuellement, plusieurs personnes sont hébergées dans les locaux de l’association. « J’étais présent lors de l’expulsion d’un squat, en plein hiver, et j’ai accueilli certaines personnes à La Piraterie, dont une famille avec enfant (qui avait été expulsée d’un squat le 28 février dernier, rue Hortens à Bordeaux, ndlr) », précise Rachid. « On attend des solutions de relogement pérennes, pas seulement des nuits d’hôtels parce qu’après, les gens se retrouvent à la rue ou dans la forêt. C’est inacceptable, alors on les accueille dans la mesure du possible », assure Rachid.

 Une famille avec un enfant est actuellement hébergée à La Piraterie. © Jean Rémond

Le président de l’association l’affirme : « En près de 8 ans, ce sont des milliers de repas distribués dans la rue par La Piraterie et des centaines de personnes hébergées, qui n’étaient acceptées nulle part. Alors nous allons résister à ces demandes de quitter les lieux. » Le 17 mai prochain, un concert de soutien à l’association est d’ailleurs organisé à La Piraterie.

Jean RÉMOND

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