Dans moins de 100 jours, le coup d’envoi de l’Euro 2016 sera donné à Bordeaux. Du côté sportif, tout est en bonne voie pour que le spectacle soit au rendez-vous. Mais la sécurisation de la fan zone, place des Quinconces du 10 juin au 10 juillet, est, actuellement, le point de préoccupation principale.
Véritable tradition depuis un peu plus d’une dizaine d’années dès qu’une manifestation sportive prend place, les zones d’accueil de supporters font partie du folklore du sport. Elles leur permettent de se rencontrer et de partager des moments de complicité. Après une première estimation d’un budget de 3 millions d’euros par le conseil de la métropole bordelaise fin mai dernier pour l’ensemble de l’organisation du site, un million de plus a été ajouté depuis les attentats du 13 novembre. Un budget actuel de 4 millions donc dont le quart sera consacré au dispositif de sécurité de cet espace public. Matthieu Rouveyre, élu socialiste et vice-président du Conseil départemental de la Gironde, fustige cette somme conséquente sur son blog. Selon lui, « l’argent du contribuable ne doit pas alimenter le foot business ».
Le deuxième plus grand lieu d’accueil de supporters
Pour sécuriser les lieux, rien n’est laissé au hasard. Même si peu de temps après les attentats de Paris, les maires des dix villes-hôtes avaient émis de nombreux doutes à propos de l’organisation des fan zones. Ces derniers ont rapidement cessé après une réunion avec le ministre de l’Intérieur.
Établie sur la place des Quinconces, la fan zone bordelaise sera en France le deuxième plus grand lieu d’accueil de supporters en superficie et le troisième en nombre (plus de 60 000 personnes à la fois), ce qui en explique le coût. Surtout que le dispositif prévu est assez important. D’abord, parce que l’État impose plusieurs conditions aux villes : la fan zone doit être installée dans un lieu « attractif », proche du centre-ville donc facilement accessible en transports en commun ; le site doit être vaste et fermé et doit disposer de toutes les mesures sécuritaires demandées lors de la réunion qui avait été tenue après les attentats de novembre avec les responsables des fan zones de chaque ville.
L’avantage d’avoir une fan zone en centre-ville est d’éviter les phénomènes de dispersions des supporters dans plusieurs coins du territoire. « Il est plus simple de maîtriser les supporters sur un seul lieu que dans plusieurs endroits diffus », expliquait Jacques Lambert, président de l’organisation de l’Euro 2016 de football, le 9 mars au Figaro.
De son côté, la police nationale va prendre en charge la sécurisation des contours du lieu et des rues avoisinantes. Christine Tocoua, commandante au commissariat de Bordeaux, assure que « leurs propres forces vont être renforcées, même si la sécurité du domaine est à la charge des différents organisateurs ».
L’UEFA (Union européenne des associations de football) qui s’occupe habituellement de la sécurité dans les stades, sur les camps de base des équipes nationales et lors de leurs déplacements, va mettre la main à la poche et aider à financer, en collaboration avec la place Beauvau, une partie du dispositif de vidéo-surveillance recommandé par Bernard Cazeneuve. Pour ce qui est de la sécurité sur le lieu, ce sont les prestataires privés, la branche événementielle des Girondins de Bordeaux, Girondins Événements, et l’agence d’événementielle bordelaise, Côte Ouest, qui s’en occupent. « Les exigences sécuritaires se présentent sous plusieurs formes, d’une part, parce que l’événement est de très grande envergure. D’autre part, parce qu’il y a la sécurité pure, avec les agents de sécurité qui surveillent et gardiennent le site et le personnel médical avec des pompiers et des médecins, accompagnés de bénévoles », assure Laura Monteaux, chef de projet événementiel chez Côte Ouest. Au maximum de l’affluence, la fan zone pourrait réunir jusqu’à 300 agents pour les contrôles visuels à l’entrée et les éventuelles palpations, sous les ordres de la sous-préfète, Béatrice Lagarde.
L’alcoolémie, un combat ardu
Le combat contre l’alcoolémie sera sûrement le plus ardu. Des règles strictes ont été promolguées. Aucune boisson alcoolique ne pourra être introduite dans l’enceinte de la fan zone. Des contrôles d’alcoolémie pourrait aussi être réalisés car, souvent dans ce genre de manifestations sportives, l’alcool peut rapidement couler à flot et les esprits peuvent rapidement s’échauffer.
La sécurité, après les traumatismes vécus l’année dernière et avec la situation actuelle du pays, ne doit pas être négligée. Même si le doute peut persister à Bordeaux car les pouvoirs publics peinent déjà à réguler les flux de personnes qui sortent du Matmut Atlantique après chaque match des Girondins. En soi, un défi de taille qui montrera la capacité de la ville à gérer le troisième événement le plus médiatique au monde.