Sortie de route pour le code ? Dans quelques mois, l’examen du code de la route n’aura plus le même visage. Ajout d’un millier de questions, privatisation de l’examen ; des modifications importantes seront apportées au traditionnel examen théorique du permis de conduire d’ici à juin prochain.
L’annonce a fait trembler les pare-brise des auto-écoles de France il y a quelques mois. Le code de la route va être complété par plus de mille questions. Encore plus d’écoconduite, de premiers secours et ajout de vidéos parmi les questions. Pas de quoi révolutionner le code de la route mais des changements significatifs qui obligent les auto-écoles à s’adapter avant fin avril.
« On a appris ça il y a un peu plus d’un mois. Les fournisseurs se sont adaptés rapidement mais il reste que nous devons former nos élèves à de nouvelles questions d’ici à fin avril ! Pour ce qui est de la privatisation, on est dans le plus grand flou « , indique, perplexe, Julie, monitrice.
Les esprits des moniteurs d’auto-écoles avaient déjà été échauffés par l’annonce, parallèlement, de la privatisation du code de la route. Un appel a en effet été lancé pour trouver un opérateur qui se chargera à partir de juin prochain d’organiser l’examen. Ce dernier sera dès lors payant et coûtera 30 euros.
« On va droit dans le mur »
Ces réformes divisent dans les auto-écoles comme dans les syndicats. « Tout nous tombe dessus en même temps« , se plaint-on dans certaines salles de code de Bordeaux. C’est aussi l’avis que partage le CNPA (Conseil National Professions de l’Automobile) pour qui cette réforme doit être repoussée. Bernard Bordas, délégué du CNPA en Gironde, alerte sur les dangers de ces changements. « On veut avoir le temps de former nos jeunes. On met habituellement quatre mois pour former un jeune, là on a que deux mois pour enseigner plus de mille questions ! » Et le moniteur de Biganos, indigné, d’ajouter : « Nous n’avons pas de nouveaux livres de code. Des additifs vont être envoyés en urgence mais ça prend du temps. Difficile pour nous de nous organiser. » Mobilisées le 29 février autour du syndicat, les auto-écoles ont obtenu un délai de deux semaines, « insuffisant » selon le CNPA qui demande un report de quatre mois.
D’autant plus que le syndicat s’oppose parallèlement à la privatisation du code de la route. « Ça fait beaucoup en même temps« , juge le girondin. « On ne sait pas comment le nouvel opérateur privé gérera les inscriptions de nos candidats« , s’inquiète Bernard Bordas. « J’ai bien peur que cela augmente le nombre de personnes qui seront tentées de rouler sans permis« , prévient-t-il quelque peu résigné.
« Les règles restent les mêmes »
Mais parmi les quelque 250 auto-écoles girondines, toutes ne partagent pas ces inquiétudes. Parmi elles, celle de Sandra Carasco à Pessac. Elle est la déléguée de l’UNIC (Union Nationale des Indépendants de la Conduite) pour la Gironde. Ni les nouvelles questions ni la privatisation ne lui déplaisent. « Pour ce qui est des nouvelles questions, on ne change pas les thématiques de l’examen mais on ajoute des questions à des thématiques déjà abordées. C’est majoritairement des questions de bon sens ! Et puis les DVD avec lesquels on entraine nos élèves se sont d’ores et déjà mis à jour », expose-t-elle.
Et si on lui demande ce qu’elle pense de la privatisation de l’examen, sa réponse est sans équivoque. « On a milité pour cela. Ça réduira certainement les délais d’attente pour passer le permis ou le code. Les examinateurs pourront se consacrer pleinement au permis et le code ne sera plus dépendant de l’administration« , espère la syndicaliste engagée.
Divisée et globalement inquiète, la profession navigue pour l’heure dans un brouillard épais. Quand les nouvelles questions seront-elles mises en application ? Quelle sera l’entreprise qui organisera en juin prochain l’examen du code de la route ? Voilà deux questions qui, elles, se posent dès aujourd’hui.