Cirque : vers une sortie de piste des animaux

Des cirques sans tigres et sans éléphants en Gironde ? C’est ce que réclament les défenseurs de la cause animale, au grand dam des circassiens (ensemble de personnes relatives au monde du cirque, N.D.R). Inimaginable il y a cinquante ans, l’installation d’un cirque traditionnel dans une commune pose de plus en plus problème. Alors, faut-il oui ou non interdire les animaux sauvages dans les cirques ? Les avis divergent.

 

Animalistes vs circassiens

 

Sur le terrain comme sur les réseaux sociaux, circassiens et défenseurs des droits des animaux s’affrontent. Cet après-midi, les bénévoles d’Acta Gironde, une association qui prône l’antispécisme (idéologie qui considère que l’espèce animale n’est pas inférieure à l’espèce humaine, N.D.R) et le veganisme, prévoient une nouvelle action contre le cirque Medrano, installé à l’hippodrome du Bouscat. Objectif : sensibiliser les spectateurs sur la condition animale et les convaincre de faire demi-tour. Les bénévoles planifient déjà de futures actions, notamment début janvier, contre le cirque Arlette Gruss, une institution dans le milieu. Et depuis peu, « des cyberactions contre certains cirques sont aussi menées », explique Nicolas Marty, membre du collectif Acta Gironde.

De leur côté, les circassiens tentent de s’organiser et de contrer les actions des défenseurs des animaux. Le groupe Facebook « Association des cirques de familles de France » compte par exemple plus de 3 000 membres. Il entend bien se défendre face aux animalistes qu’il qualifie de « groupuscules fanatisés qui harcèlent les cirques et les élevages ».

 

Et pour contester les arrêtés pris par les mairies, un collectif des cirques animaliers a été créé il y a un an. Il regroupe environ 250 cirques et a déjà gagné plusieurs procès.

 

Que dit la législation française ?

Selon un dernier recensement effectué le 6 décembre 2018, 108 communes françaises, dont 27 de plus de 20 000 habitants, refusent désormais d’accueillir les cirques mettant en scène des animaux. Mais ces interdictions prises localement peuvent être annulées par le tribunal administratif car aucune réglementation nationale n’interdit la présence d’animaux sauvages dans les cirques. Comme l’explique la fondation 30 Millions d’Amis, « depuis le 18 mars 2011, une réglementation a renforcé l’encadrement et les obligations des cirques présentant des animaux sauvages, mais n’a donc pas interdit l’utilisation de ces animaux ». Des propositions de lois sont discutées à l’Assemblée nationale, mais n’aboutissent pas pour le moment.

Pour Nicolas Marty, « la France est très en retard par rapport aux autres pays et tant qu’il n’y aura pas d’arrêté national, les choses ne pourront pas vraiment changer. Les arrêtés municipaux, ce sont juste des positions de principe. Juridiquement, ça n’a pas beaucoup de valeur. Nous ce qu’on espère, c’est une interdiction nationale d’ici trois ans maximum ».

 

Qu’en est-il à Bordeaux et ses alentours ?

La mairie de Bordeaux n’envisage aucune interdiction. Selon l’attaché de presse Nicolas Corne « la ville s’engage toutefois à n’accueillir que des cirques qui respectent le bien-être des animaux ». À Pessac, en revanche, le maire a pris un arrêté en 2016, toujours en vigueur aujourd’hui. L’année suivante, ce sont les communes de Bègles et de Mérignac qui ont suivi. Toutefois, la motion déposée par Mérignac a été invalidée par la justice après l’attaque d’un cirque mécontent. La mairie regrette cette décision : « la commune n’a pas accueilli de cirques avec animaux depuis un certain temps, mais aujourd’hui rien ne l’interdit ».

 

Et dans le monde ?

Actuellement, 28 pays interdisent totalement la présence d’animaux dans les cirques et une quinzaine partiellement.

 

 

Par Lio Viry et Lauriane Vofo Kana

 

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