« Il faut beaucoup de persévérance pour créer son écolieu » 

Florence Duval est professeure d’éco-gestion et de yoga et cofondatrice de l’association Entre2Terres. Au sein de ce collectif intergénérationnel (de 5 ans à 60 ans) et de tous horizons professionnels (de vétérinaire à informaticien), elle veut réaliser un écolieu, un habitat multiforme fondé sur des valeurs communes d’écologie, de vivre-ensemble et d’autosuffisance.

Comment l’expérience a-t-elle débuté ? 

Au départ, on était trois familles avec la volonté de créer un endroit avec trois volets : un lieu d’accueil, un lieu de tourisme et un lieu agricole. On s’est retrouvés pendant trois mois pour écrire une charte collective. A la base, on espérait trouver un lieu de vie avec une quinzaine d’hectares de terrain de cultivation et un bâti. Aujourd’hui, on a un peu revu nos ambitions à la baisse. Trois hectares de terrain au minimum et un bâti. Chacun disposerait de son espace, de son appartement. Les tailles varieraient entre 30 et 100m2 selon les familles. Et puis, il y aura toujours une possibilité de s’investir sur un habitat léger. L’idée c’est de pouvoir profiter des grands espaces qui nous seront proposés. Et puis, aux beaux jours, d’installer dans ces terrains des tentes ou autres tiny houses

Vous avez déjà visité deux terrains, un à Sadirac et l’autre à Bouliac, mais cela n’a pas fonctionné. Pourquoi ? 

En fait, il y en a même eu trois ! C’était des terrains qui étaient très intéressants et à moins d’une heure de Bordeaux. Mais ils avaient tous le même défaut : trop proches de la Garonne. Ils étaient inondables et nous n’aurions jamais pu cultiver quoi que ce soit. C’est pour cette raison qu’on continue nos recherches. 

Quelles sont vos idées pour ces terrains ? 

On veut cultiver mais surtout accueillir, créer un lieu de partage. On aurait la volonté de fonder un festival sur ces terres avec les artistes membres du groupe. Nous sommes nombreux et nous voulons nous réunir pour partager des temps de yoga ou d’art-thérapie. 

Depuis quelques années, les écolieux se développent beaucoup en France. Ils sont plus de 1200 aujourd’hui. Pour vous, qu’est-ce que cela représente ? 

Pour moi, on ne peut pas toujours attendre et critiquer les gouvernements, les grandes sociétés. On a une responsabilité citoyenne de prendre les choses en main. Et pour moi, cela veut aussi dire acheter des terres et proposer des alternatives. Si j’ai décidé de cofonder cet écolieu, c’est aussi pour coconstruire, se réapproprier un peu les saisons et la terre. Je rêve qu’on crée des espaces de production de nourriture plus proches de Bordeaux. C’est aussi une solution pour garantir une culture saine et durable. 

Ces nouveaux espaces représentent des défis de construction. Les mairies sont-elles enthousiastes à l’idée de construire ces nouveaux projets ? 

Oui. Peu importe leur couleur politique d’ailleurs. Elles savent que ce sont des demandes sérieuses et travaillées. Généralement, les élus locaux veulent proposer tous types d’habitations sur leur territoire. C’est aussi un moyen qui permet de valoriser et de dynamiser des espaces ruraux en amenant une activité économique.

Existe-t-il d’autres écolieux en Gironde ? 

Il y en a plein ! Nous les observons et nous discutons même avec eux parfois. On s’inspire notamment de La Ferme des Petits Potes ou du collectif du Coq à l’Âme. Pour ces derniers, il a quand même fallu visiter trente-trois lieux différents avant de trouver le bon. On garde espoir ! 

La carte des écolieux à Bordeaux Métropole

Enora Foricher, Gilles Foeller et Louis Emeriau

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