Crédit: Samuel Cardon sur InDesign

Médico-social du handicap : le secteur privé attend toujours des mesures concrètes

Alors que Jean Castex et Olivier Véran ont détaillé jeudi dernier le plan de financement du Ségur de la santé en Nouvelle-Aquitaine, le personnel du secteur médico-social du handicap ne décolère pas en Gironde. En cause, des revalorisations salariales inégalitaires qui ne satisfont personne.

Mobilisés mardi devant le Conseil Départemental pour faire entendre leur mécontentement, les salariés du secteur médico-social se sentent exclus du Ségur de la santé, dont le plan d’investissement Nouvelle-Aquitaine a été détaillé la semaine dernière. L’annonce de la revalorisation salariale de 183€ net mensuel pour les soignants du secteur public avait exclu dans un premier temps leurs homologues du privé et des secteurs sociaux et médico-sociaux.

Les structures privées dévalorisées

Cette inégalité a eu de grandes conséquences sur les établissements privés associatifs, comme l’explique Cédric Cassagneres, directeur du pôle adultes pour l’APF France Handicap à Bordeaux. “Le ministère de la Santé s’est d’abord concentré sur les Ehpad et l’hôpital. Le reste du paysage médico-social a été laissé de côté. Il y a une distorsion énorme de rémunération entre des mêmes professionnels dans des établissements différents”. Il dit alors avoir constaté une fuite des professionnels du secteur médico-social du handicap vers le secteur sanitaire ou les Ehpad, qui avaient été revalorisés par le Ségur.

Conséquence directe de ces tractations en deux temps, les structures privées associatives ont perdu des effectifs, notamment du médical (infirmiers et aides-soignants). Un phénomène aggravé par les départs liés à l’obligation vaccinale. Le manque d’attractivité du métier, jugé difficile et de moins en moins humain, et la dévalorisation des établissements privés par rapport au public rendent le recrutement difficile. “On a du mal à recruter, y compris en CDI. La pénurie de professionnels crée des tensions. Il peut donc arriver qu’il y ait quelques glissements de tâches, mais ce n’est pas le fonctionnement normal de l’établissement”, avoue Matthieu Audoire, DRH à l’Adapei de la Gironde.

Le Ségur de la santé source de tensions

Un début de réponse a été apporté cet été par la mission Lafourcade, un an après l’annonce du Ségur de la santé. Mais comme l’explique Matthieu Audoire, ces négociations pour la revalorisation, notamment du personnel éducatif, sont aujourd’hui conditionnées à un rapprochement des conventions collectives du secteur médico-social, qui diffèrent selon les fédérations d’employeur. ”Ce sont des négociations au niveau national qui ne pourront être concrétisées qu’à moyen-terme”, estime-t-il. Les syndicats du secteur s’inquiètent eux de cette réforme, qui pourrait faire disparaître certains de leurs avantages.

Pour pallier ces manquements, les salariés sont contraints de diversifier leurs missions et d’intensifier leur rythme de travail. Les syndicats soulignent un nombre conséquent d’arrêts maladie dans ces établissements. Ces conditions de travail ont un impact direct sur les résidents des structures et sur leur famille. Une conséquence que déplore aussi Cédric Cassagneres : ”On a mis des familles en difficulté. Il y avait une relation de confiance entre elles et la structure d’accueil. Mais maintenant, il y a une réelle inquiétude de ces familles concernant l’accueil de leur proche en situation de handicap ».

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Roman Bouquet Littre

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