Après les violences conjugales, l’aide psychologique est libératrice

Derrière les conséquences physiques bien connues des violences conjugales se cache une autre réalité, celle du traumatisme psychologique subi par les femmes victimes. Pour la psychiatre Muriel Salmona, la prise en charge de ces traumas relève de « l’urgence ».

Après des violences ou une menace brutale, le corps humain peut réagir de manière plus insidieuse. Nous parlons alors de psycho-traumatismes, c’est-à-dire l’ensemble des impacts sur la santé mentale, selon Paloma Hernandez, psychologue à la maison d’Ella, lieu d’accueil des femmes victimes de violences à Bordeaux. Selon elle, ces troubles sont encore trop méconnus alors qu’ils ont un impact considérable sur le quotidien des femmes, à court et à long terme.

Des troubles encore méconnus

Concrètement, ils se manifestent de plusieurs façons : état de stress post-traumatique, dépressions, tentative de suicide, troubles alimentaires, insomnies ou encore amnésie traumatique. Ce dernier symptôme « constitue une véritable bombe à retardement » selon la psychiatre spécialisée en traumatologie, Muriel Salmona. En effet, face à une situation violente à laquelle nous ne pouvons pas échapper, le cerveau est sidéré et « se protège en cessant de fonctionner normalement » explique-t-elle. Cela peut aboutir à une amnésie partielle appelée « mémoire traumatique » Celle-ci correspond à une sorte de mémoire émotionnelle fantôme prête à exploser à n’importe quel moment, faisant ainsi revivre l’événement violent. Ces « rechutes mémorielles » représentent à la fois un risque physique si la personne en vient à des pratiques dangereuses pour elle-même et un risque psychique en faisant ressurgir des souvenirs douloureux.

Crédit : Florian Gourdin sur Genial.ly

Une reconnaissance et un traitement nécessaires

Pour la Paloma Hernandez, « il est primordial de s’intéresser aux conséquences psycho-traumatiques des violences faites aux femmes, sans quoi la mémoire traumatique va continuer de coloniser l’esprit de la victime. » C’est là que l’accompagnement psychologique et la reconnaissance des souffrances post-traumatiques ont un rôle à jouer. A la maison d’Ella à Bordeaux, des groupes de parole sont organisés tous les lundi matins afin que les femmes s’expriment sur leurs expériences violentes. « L’objectif est de les accompagner, cela passe d’abord par une écoute bienveillante, sans jugement », détaille la psychologue.

La libération de l’esprit passe aussi par l’écrit. « Nous avons mis en place un dispositif qui consiste à donner aux femmes une feuille et un stylo pour qu’elles puissent raconter les souvenirs d’événements violents ». Cela permet à certaines victimes de s’exprimer plus librement, « sans la crainte du regard et du jugement de l’autre », complète la psychologue. Un dispositif qui démontre d’autant plus son utilité, au regard des chiffres de l’enquête nationale sur les violences envers les femmes en France de 2000. En effet, 5% des femmes victimes de violences conjugales ont fait une tentative de suicide, quand cela ne concerne que 0,2% des femmes n’ayant pas subi de maltraitance.

Crédit : Noëlle Hamez sur Canva

Florian Gourdin

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