Demain, c’est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. La prison et les mesures d’éloignement sont des outils fréquemment utilisés pour tenter de protéger les victimes. Néanmoins, des stages de responsabilisation existent. Agir à la source des violences, voilà la finalité de ce dispositif.
Depuis la loi du 4 août 2014 visant à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, des stages de responsabilisation pour lutter contre les violences conjugales ont été généralisés dans tous les tribunaux. Les auteurs de violences conjugales peuvent être orientés vers ce dispositif dans le cadre d’une mesure alternative de poursuite. Dans ce cas, il s’agit de primo-délinquants, poursuivis pour des faits entraînant un préjudice de moindre gravité. Ce peut être aussi dans le cadre d’un sursis probatoire, ou dès leur placement sous contrôle judiciaire.
La parole, une alternative à la prison
Ces stages ont pour objectif de protéger durablement les victimes et les potentielles victimes. Pour cela, des psychologues et des juristes parient sur le dialogue et la pédagogie. Claire Marcillaud, coordinatrice des stages de responsabilisation des auteurs de violences conjugales à l’ASSOEDY, l’Association socio-éducative des Yvelines rattachée au Palais de justice de Versailles, pointe la volonté de « créer une dynamique de groupe et de parler des violences conjugales dans leur globalité. » Toutefois, ces stages de responsabilisation présentent une limite. Les psychologues et les juristes n’ont pas accès au dossier pénal des personnes ce qui empêche d’apporter un éclairage plus spécifique à chaque personne et d’étudier les cas d’espèces.
Réfléchir ensemble
Ce stage a pour vocation de mettre des mots sur des situations vécues et de donner du sens, d’expliciter certaines émotions. Qu’est-ce que le couple ? Que peut-on en attendre ? Quelles sont les limites à poser ? En quoi mes actes sont-ils constitutifs de violences conjugales ? Qu’est-ce qu’une victime ? Dans quelle mesure les violences conjugales ont-elles un impact sur les enfants de la famille ? A travers un dialogue entre les encadrants et les stagiaires, ces derniers sont amenés à prendre conscience de leurs actes et à commencer un travail sur soi. » Au début de la journée, les participants ne sont pas enthousiastes car il s’agit d’une mesure contraignante. Certains sont réfractaires, d’autres curieux. Mais à la fin de la journée ils sont plutôt satisfait« , témoigne Claire Marcillaud.
« Les violences conjugales concernent tout le monde »
Il n’existe pas de profil-type. Les auteurs de violences conjugales sont issus de tous les milieux sociaux. Quant au genre, Claire Marcillaud précise. « Les hommes sont, dans une grande majorité, les auteurs de violences conjugales. Mais il arrive que dans un groupe de douze personnes, une ou deux femmes soient poursuivies pour des faits de violences conjugales. La parole des hommes aussi se libère. C’est à la marge mais ça existe. » Certains auteurs de violences conjugales présentent des troubles d’addiction à l’alcool ou à des stupéfiants. Selon un rapport du Sénat, la dépendance à l’alcool concerne 40 % des auteurs et 25 % pour la consommation de drogues.
Crédit illustration : Noëlle Hamez sur Canva
Margot Favier