À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le VIH, une semaine de dépistage et de prévention en santé sexuelle est organisée sur les campus universitaires et les grandes places de Bordeaux. À l’initiative ? Les acteur·rices nationaux et locaux de la lutte contre le VIH : AIDES, Enipse, Bordeaux ville sans sida et le Girofard.
« Une personne sur quatre serait mal à l’aise en apprenant que leur meilleur·e ami·e est séropositif·ve ». Les campagnes de sensibilisation contre le VIH gagnent les rues. L’association Bordeaux ville sans sida a lancé ses propres affiches pour lutter contre la sérophobie – les discriminations faites à l’égard des personnes séropositives.
« Il y a toujours des gens qui ont peur du sida« , admet Emmanuelle Piquer, chargée de mission de prévention et dépistage pour l’association. « Des gens pensent qu’ils et elles ne peuvent pas boire dans le même verre, qu’ils et elles ne peuvent pas manger avec les mêmes couverts « , continue la salariée. Les préjugés sont bel et bien présents, que ce soit dans la vie amicale, sexuelle, administrative ou médicale. Pourtant, il y a presque 30 ans, lors du premier Sidaction en 1994, Christophe Dechavanne affirmait déjà que « le baiser, le serrement de main […] ne contaminent pas ».
La prévention pour lutter contre les discriminations
Pour lutter contre la sérophobie, différent·es associations et collectifs bordelais – AIDES 33, Bordeaux ville sans sida ou encore le Girofard – sensibilisent les publics. « On fait de l’accompagnement, du soutien, de la prévention« , souligne Julien*, salarié chez AIDES. Pendant la pandémie de Covid-19, les confusions ont été nombreuses. Alors, pour les éviter, les acteurs et actrices de la lutte contre le VIH redoublent d’efforts et rappellent les modes de transmission de l’infection quand une personne n’est pas sous traitement : lors de rapports sexuels non protégés, par l’échange de seringue ou de paille pour les personnes consommatrices de drogues ou encore au moment de l’accouchement. « Aujourd’hui, et c’est une réalité depuis 15 ans, une personne séropositive qui prend correctement son traitement a, au bout de quelques mois, une charge virale tellement basse qu’elle devient indétectable » souligne Emmanuelle Piquer. C’est aussi ce que dit le slogan de ONUSIDA « Indétectable = intransmissible ».
« Il y a des préjugés, mais il y a surtout de la méconnaissance »
Emmanuelle Piquer, chargée de mission de prévention et dépistage à Bordeaux ville sans sida
Les campagnes de lutte contre les stigmates touchant les personnes séropositives visent aussi les professionnel·les de santé. Avec leur stand rouge, leurs dépliants informatifs et leurs préservatifs gratuits, les associations étaient présentes lundi sur le campus Carreire pour sensibiliser les étudiant·es en médecine, futur·es professionnel·les de santé, et leur rappeler que des outils existent. « Beaucoup de ces futur·es soignant·es ne connaissaient pas l’existence de certaines méthodes de dépistages, comme le TROD [un test rapide effectué avec une goutte de sang prélevée au bout du doigt] », s’étonne Emmanuelle Piquer. « Il y a des préjugés, mais il y a surtout de la méconnaissance ». Julien poursuit : « La prévention va de pair avec la lutte contre les discriminations ».
Les femmes, grandes oubliées de la lutte contre le sida
Le sida a longtemps été – à tort – associé aux hommes homosexuels uniquement. La majorité des études scientifiques pour développer des traitements ne concernent donc que les hommes. Les femmes séropositives subissent ainsi deux formes de discriminations : la sérophobie et le sexisme. « Les femmes sont généralement davantage blâmées que les hommes sur leur sexualité. Une femme séropositive est souvent considérée comme une fille avec des mœurs légères », déplore Emmanuelle Piquer.
*le prénom a été modifié
Lucile COPPALLE (@LucileCoppalle)
Janice BOHUON (@JaniceBohuon)