Jeudi 1er mars, le mouvement des étudiants de la faculté de Bordeaux Victoire avait commencé par une manifestation avant de donner lieu à un blocage. Seuls deux médias locaux, France Bleu Gironde et Rue89Bordeaux publient sur internet des articles sur les premiers actes du mouvement et sur les revendications des étudiants. Des jeunes divisés. Certains ne se sentent pas tous concernés par ces revendications, comme le souligne le pure-player bordelais.
Le 6 mars le mouvement bascule et le traitement médiatique avec. L’occupation du campus de la Victoire est mis en place. Les forces de l’ordre interviennent dans les locaux de la faculté. France 3 rapporte les propos tenus par les policiers et déclare que ces derniers n’ont pas voulu communiquer. Quand le journal Sud Ouest titre prudemment « L’Université fait fermer le campus de la Victoire », Rue89Bordeaux affiche sans détours une évacuation « manu-militari ». Ce même média publie le surlendemain deux articles pour évoquer les « tensions » et les mouvements de solidarités suscités par « l’intervention violente de la police ».
Médiatiquement, le point d’orgue est atteint quand La Matinale du Monde s’empare de l’affaire le 9 mars. Les dirigeants de l’Université prennent conscience que l’intervention policière peut laisser des traces. Le site du quotidien national reprend les tweets des étudiants et les propos tenus sur les médias locaux au sujet d’une « évacuation (…) qui jette le trouble ». Le site du Figaro Étudiant se contente de faire la même chose. L’affaire est également reprise par Libération, sur son site Checknews.fr. Des journalistes répondent aux interrogations des internautes sur la véracité des faits lors de l’intervention policière.
Le doute s’installe
Le 12 mars, l’édition papier du Figaro évoque en une phrase l’évacuation et fait part de son scepticisme quant à la longévité du mouvement autant à Bordeaux que dans toute la France. L’emballement médiatique aura fait long feu. Mais l’étincelle allumée a eu le mérite d’avoir mis un coup de projecteur sur le blocus illimité voté par les étudiants. Et France 3 de se demander « combien de temps le blocage va-t-il durer ? ». Un « parfum de mai 68 », comme le titrait Rue89Bordeaux, qui pourrait s’évaporer. Les médias locaux en profitent pour évoquer une convergence des luttes entre les retraités, les employés des EHPAD et les ouvriers de l’usine Ford. En attendant la journée de grève appelée par de nombreux syndicats le 22 mars 2018.