Il est petit, il est mignon, il fait du bruit et émet de jolies lumières. Son prénom ? Thymio. Sa particularité ? C’est un robot qui apprend aux enfants à se servir des nouvelles technologies. Aucune crainte, les profs de techno ne vont pas disparaître. Thymio est un complément de l’apprentissage.
Mercredi 17 mars, il est 14 h à Mérignac. À l’occasion de la semaine de la robotique, le pôle Air & Espace de Cap Sciences, le centre scientifique de Bordeaux, organise son « roboting goûter » : un après-midi réservé aux enfants et placé sous le signe des robots. Fans de la première heure et novices sont venus, accompagnés de leurs parents, rencontrer Thymio, un petit robot dédié à l’apprentissage du langage électro-technique.
« Alors, un robot c’est quoi ? » Tour à tour, l’animateur sonde la petite dizaine d’apprentis ingénieurs qui se sont rendus à son atelier. La moyenne d’âge tourne autour de 10 ans. Parmi les enfants, pas une seule fille. La robotique, un domaine qui plait plus aux garçons dès le plus jeune âge apparemment. « Il faut des circuits électriques », « il faut pouvoir le programmer », « il faut qu’il bouge »,… Les gamins ont l’air de savoir de quoi ils parlent. Certains évoquent même l’intelligence artificielle. À les écouter, on dirait de vrais petits Jimmy Neutron. Quoiqu’en fait, pas vraiment.
Mathias Alarson, l’animateur, pousse la réflexion un peu plus loin : « vous connaissez la différence entre une machine et un robot ? ». Les enfants bloquent. Comme si toutes leurs réponses à la première question n’étaient que des idées préconçues qu’ils avaient entendu à droite, à gauche. En réalité, ça tombe bien car c’est en partie la raison de cet atelier : éduquer les enfants aux robots grâce à l’un d’eux, Thymio.
On met de côté l’aspect théorique. Place, désormais, à la pratique. Chaque enfant reçoit un exemplaire dudit robot. C’est la joie, presque l’euphorie. On se croirait de retour dans la cour de récré. Tous les enfants s’amusent avec Thymio. Aucun souci pour le mettre en marche, ni même pour le faire bouger. Ils comprennent vite, voire bien plus vite que leurs parents. C’en est presque déconcertant. Les robots s’agitent dans tous les sens, font de la lumière et même du bruit. Thymio suit la main des enfants, évite les obstacles, recule et semble même avoir des émotions (il émet beaucoup de bruit quand il a peur).
« Un vrai robot chien », s’exclame une des mamans, présente à l’atelier. On aurait presque envie de l’adopter. C’est le cas de Raphaël, 7 ans et demi, qui hésite encore entre un robot ou un chien comme animal de compagnie. « C’est un sujet sensible », ironise Marie, la mère du petit brun aux yeux marrons.
Thymio existe depuis maintenant trois ans. De plus en plus d’écoles (primaires et collèges) y ont recours pour permettre aux enfants de découvrir la robotique. On peut également se le procurer sur internet, pour près de 150 euros.
Démocratiser la robotique
Derrière l’aspect récréatif du cyborg, d’autres enjeux. Simple d’utilisation, le robot est avant tout un outil d’apprentissage pour les enfants. Il doit leur permettre de se sensibiliser au codage et à la programmation. Les enfants peuvent eux-mêmes paramétrer Thymio avec leur ordinateur. Au cours de l’atelier, les enfants démontrent qu’avec un peu de concentration et de pratique, il est tout à fait aisé de programmer le robot à faire telle ou telle tache.
« En France, on est un peu en retard », explique l’animateur. L’enjeu d’un projet comme Thymio est de sensibiliser les robots qui les entourent déjà. Son faible coût et son accessibilité sont deux des idées qui ont donné naissance au projet.
Ses créateurs, l’École Polytechnique de Lausanne et l’INRIA de Bordeaux, veulent démocratiser la recherche en robotique. Ils ont pensé un modèle à moindre coût, basé sur le partage libre des connaissances. Matériels et documentations sont développés par les partenaires du projet sous licence libre, et donc gratuite. Les créateurs de Thymio le rappellent : c’est un projet à but non lucratif. Ils veulent éveiller la curiosité des enfants, mais aussi celle des parents sceptiques.
« Je comprends que ça fasse peur »
« Je suis assez partagée. L’humain doit rester au centre », raconte Nathalie, la mère de Paul, un des bambins présent à l’atelier. Assise dans un coin de la salle près de son fils, elle regarde avec distance son enfant s’amuser. « Les robots doivent être un outil au milieu de l’humanité », explique-t-elle. Pour Marie, psychologue et maman du petit Raphaël, les considérations sont semblables : « ça peut être vraiment utile, mais pas je ne suis pas trop pour qu’ils le soient au service de l’éducation ». L’enseignement proposé par ce genre de robot ne serait-il pas un peu limité ?
La question peut effectivement se poser. Les enfants paraissent immédiatement plus à l’aise que leurs parents. Toutefois, tous ne comprennent pas ce qu’ils ont entre leurs mains. La différence entre un robot et une machine, comme une machine à laver, n’est pas toujours assimilée. Les enfants ont-ils vraiment conscience d’être face à un robot ?
Emeline Brossier, coordinatrice de l’antenne Air & Espace, a perçu les interrogations de certains parents. « Je comprends que ça fasse peur », confie-t-elle. Par le biais d’ateliers ou de campagnes de communication, elle souhaite faire comprendre à toutes les générations que le robot sera toujours l’assistant de l’Homme. Pas de raison de s’inquiéter. L’humain a toujours le dernier mot.