En meeting à Bordeaux, Marine Le Pen a une nouvelle fois défendu le patriotisme écologique dans son discours. Derrière ce thème, une critique virulente du « mondialisme », responsable, selon elle, de la « soumission de (notre) planète à l’ordre marchand ».
Marine Le Pen en meeting à Bordeaux, le 2 avril. ©Raphaelle Chabran
Le parc des expositions de Bordeaux fait salle comble, ce dimanche 2 avril. Malgré le temps printanier et la douceur du climat, les sympathisants du FN se sont réunis dans la salle située en périphérie, près du stade Matmut Atlantique. Plus de 2000 attendent Marine Le Pen, drapeau tricolore en main, pin’s lumineux sur le torse. Nicolas Bay, le secrétaire général du Front National joue les chauffeurs de salle. Son discours au vitriol, à l’encontre d’Emmanuel Macron, « la nouvelle coqueluche des médias », remporte le succès escompté. Puis c’est au tour de Marine Le Pen de prendre place au pupitre.
La présidente du parti s’empresse d’attaquer elle aussi les médias, qui tentent de « l’atteindre avec leurs flèches venimeuses ». Elle aborde ensuite le thème de l’écologie. Un sujet plutôt inédit, qu’elle n’a guère l’habitude de traiter lors de ses déclarations publiques ou dans les médias.
Autarcie écologique
Le symbole d’un programme nationaliste où seul l’intérêt de la France prime. « Nous portons le seul véritable projet écologique qui consiste à tout mettre en oeuvre (…) pour que nous puissions au maximum produire en France ce que l’on consomme en France. Dans le viseur, la mondialisation, qu’elle définit comme « sauvage » et « plaçant l’intérêt marchand au dessus de tout ». Elle entraîne « une consommation illimitée, irraisonnée et folle ». Cette dernière prépare la « destruction des écosystèmes et notamment humain, que sont les nations », selon Marine Le Pen. Une autarcie écologique prônée par la candidate à l’élection présidentielle. Un créneau porteur pour le parti frontiste, qui voit dans l’écologie une manière d’attirer un électorat nouveau, séduit par ces thèses.
.@MLP_officiel « Nous protégerons l’environnement. Nous interdirons l’exploitation du gaz de schiste. Et des OGM » #BordeauxMLP
— Pierre Barbin (@pierre_bbn) 2 avril 2017
Jean-Marie Le Pen définissait naguère l’écologie comme une « nouvelle religion des populations urbaines aisées, ‘bobos gogos’ de l’Occident ». Les mouches ont depuis changé d’âne. Même si la salle reste plutôt stoïque lorsque la présidente du FN prononce cette parti du discours. Quelques rares applaudissements se font entendre de la part des sympathisants, qui semblent découvrir ce crédo. Bien loin des chapitres consacrés au terrorisme ou à l’immigration qui déchainent les foules. Ou encore lorsque l’euro-députée cite le nom de la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, longuement sifflé par les 2000 personnes, avides d’une certaine haine.
Jeunesse et écologie font bon ménage
Si la salle était majoritairement constituée de personnes de plus de 40 ans, les jeunes s’étaient aussi donné rendez-vous au parc des expositions, ce dimanche 2 avril. Cette partie de la population est attirée par le Front National. Près de 34% des jeunes ont voté pour le parti créé en 1972 au premier tour des élections régionales, selon un sondage Harris interactive pour 20 Minutes. Marine Le Pen joue sur cette dynamique et explique leurs convictions vertes. « Ils sont à juste titre sensibles à cette notion fondamentale d’écologie. Ils veulent pouvoir s’y investir et non pas subir l’écologie comme une punition », a-t-elle affirmé. En utilisant ce terme, Marine Le Pen fait référence à la fermeture des voies sur berge de Paris à la circulation, décidée par Anne Hidalgo.
Les jeunes militants ont répondu présent au meeting de Marine Le Pen à Bordeaux © Raphaelle Chabran
« Moderniser le nucléaire »
Tel un membre du parti Europe Ecologie Les Verts, la présidente du FN souhaite que l’Etat « développe massivement les filières françaises des énergies renouvelables ». Parmi les propositions pour « une écologie patriote du 21e siècle », les OGM seront « interdits ». Tandis qu’une filière française de l’hydrogène, « cette énergie propre » sera « soutenue » afin de « réduire la dépendance au pétrole », si Marine Le Pen est élu le dimanche 7 mai. Elle se distingue néanmoins des positions écologistes, notamment sur la question du nucléaire. Contrairement à Jean-Luc Mélenchon qui souhaite une sortie à 100% d’ici 2050, ou à Benoît Hamon qui promet de réduire de 50% l’énergie nucléaire en 2025, elle affirme « vouloir moderniser et sécuriser la filière nucléaire ». Ce qui implique, selon elle, un « contrôle absolu de l’Etat sur EDF ». Elle affirmait pourtant en 2011 sur France Inter que la sortie du nucléaire est « un objectif qu’il faut avoir à l’esprit parce que c’est une énergie énormément dangereuse ». La question écologique ne devrait pas être évoquée, mardi, lors du débat télévisée. Seuls trois thèmes seront abordés, concernant la sécurité, l’emploi et le modèle social des français.
Pierre Barbin
Vidéo : Bradley De Souza