Plombée par une taxe de 25% imposée par les Etats-Unis sur le vin français depuis octobre dernier, la filière viti-vinicole de la région peine à faire face à cette guerre commerciale. Entre compromis sur les prix et création d’un fonds de compensation, l’équilibre reste fragile.
-46% de chiffre d’affaires, c’est la baisse enregistrée par le Comité Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) depuis novembre 2019. « On vit au jour le jour », se désole Damien Chombart, propriétaire du château Lamothe de Haux, sur les Côtes de Bordeaux. Depuis l’instauration de la taxe, le vigneron a constaté une baisse significative de ses ventes vers les Etats-Unis. Le marché américain représente sa première destination à l’étranger, avec 40% de ses ventes exportées sur le continent nord-américain: « Nous avons dû baisser nos prix pour maintenir le lien commercial avec certains de nos clients outre-Atlantique ».
Une situation qui inquiète, d’autant plus que les autres marchés internationaux restent également instables : « Le marché chinois, autre grand marché d’exports pour nous, est en régression. Pour le Royaume-Uni, l’avenir est aussi incertain avec la venue du Brexit. Mais pour l’instant, il n’y pas eu de hausses significatives sur les droits de douane ». Le marché américain représente sa première destination à l’étranger, avec 40% de ses ventes exportées vers les Etats-Unis. Mise en place le 18 octobre, cette taxe de 25% est directement liée au différend qui oppose Airbus à Boeing : « Nous, les vignerons, on a l’impression d’être les otages d’un conflit qui ne nous concerne pas », résume Damien Chombart.
Un fonds de compensation de 300 millions d’euros
Les négociants en vin ne cachent pas non plus leurs inquiétudes : « On aborde avec difficulté la mise en place de cette taxe. Depuis octobre, nos ventes vers les Etats-Unis régressent », constate Clément Billion, négociant chez Sobavi, à Bordeaux. S’il n’a pas souhaité communiquer les chiffres exacts de la perte des exportations vers les Etats-Unis, le négociant déplore des logiques économiques qui dépassent le secteur viti-vinicole : « Les Etats-Unis représentent le deuxième marché d’exports pour les vins de Bordeaux, et le premier au niveau national. Le gouvernement doit agir. »
Réunies hier à Bordeaux, lors d’une conférence de presse, les instances représentatives du vin réclament la création d’un fonds de compensation de 300 millions d’euros. Le but est de neutraliser la taxe sur le vin français, et ainsi de faire en sorte que les clients américains n’aient pas à payer plus cher. Une proposition soutenue par les acteurs du secteur : « Si nous n’avons pas ce fonds de compensation, le risque est d’ouvrir la voie à la concurrence. Les vins italiens ou chiliens, non impactés par des taxes et donc moins chers, sont en train de nous dépasser sur le marché américain », alerte Clément Billion. En pleine période de turbulences, de nombreux élus de la région réagissent au sujet des taxes douanières sur le vin. Le député du Médoc, Benoît Simian, a envoyé une lettre à Donald Trump pour lui demander une audience. Requête restée sans réponse jusqu’à présent.
Victoria Berthet