Black Friday, ventes privées, promotions temporaires exceptionnelles… Les occasions ne manquent pas pour inciter les ménages à la consommation. Au point de s’interroger sur l’intérêt des soldes.
Ça passe ou ça casse. Après plusieurs années mitigées, 2019 se présente comme l’année de la dernière chance pour les soldes.
Le bilan mi-figue mi-raisin de ces dernières années a d’ailleurs amené le gouvernement à réfléchir l’an dernier à une possible réduction de 6 à 4 semaines de la période des soldes dès janvier 2019 pour relancer l’intérêt et la consommation des ménages . La proposition est toujours en suspens actuellement.
« Il faut d’abord savoir pourquoi les soldes existent : vendre ce qui reste après les fêtes » rappelle David Cayla, maître de conférences en économie à l’université d’Angers (49) et membre des Économistes Atterrés. Les soldes sont particulièrement encadrées en France : les commerçants sont autorisés à vendre à perte, ce qui est interdit le reste du temps. Par exemple, ils peuvent vendre à 15€ un pull qu’ils auront acheté 30€. « Le but est de susciter l’intérêt des consommateurs, cela a très bien fonctionné pendant des années » explique l’économiste. « Le gouvernement se disait “on va faciliter le commerce“ mais ça ne fonctionne plus forcément : en multipliant les périodes de réduction, il y a moins d’intérêt pour les soldes que ce soit pour le consommateur ou le commerçant ».
Des alternatives plébiscitées
Les commerçants, notamment les plus gros, ont trouvé un nouveau moyen pour faire profiter leurs clients de réduction toute l’année : les ventes privées. Réservées uniquement aux détenteurs de cartes de fidélité, elles sont de plus en plus prisées à la fois par les consommateurs mais aussi les commerçants qui voient là un moyen d’augmenter leur chiffre d’affaires.
Depuis la loi de modernisation de l’économie de 2008, les commerces peuvent gérer ces ventes comme ils l’entendent à condition de ne pas faire figurer la mention « soldes » et de ne pas fixer un prix de vente sous le prix de revient (coût total engendré par la production et la distribution d’un bien ou d’un service). Selon la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux Gironde, 81% des ventes privées organisées en 2018 à Bordeaux l’ont été juste avant les soldes.
David Cayla se montre critique face à ce nouveau phénomène. « Ce système favorise les grands commerçants car il nécessite une carte de fidélité que ne peuvent pas proposer les petits commerces » explique le chercheur. « Il y a une prise de pouvoir des grands commerçants au détriment des petits, je vois un système qui va avantager les grandes chaînes ».
A Bordeaux, les commerçants constatent depuis plusieurs années une baisse du chiffre d’affaires réalisé en période de soldes (voir infographie ci-après). Les ventes privées se posent en véritable alternative et pourraient bien condamner les soldes à fermer boutique pour de bon.