Mardi 22 mars à 7h55, une véritable course médiatique commence. Les infos tombent et les médias exposent les premiers éléments factuels sur les attentats. Très vite, d’autres contraintes journalistiques s’imposent. Renseigner sur les circonstances exactes, sur le bilan humain ne suffit pas. Désormais il faut compléter les directs par des images et des témoignages… qu’ils servent ou non l’information.
Il n’est pas encore 8 heures à l’aéroport de Bruxelles lorsque la première explosion retentit. Ni une ni deux, du côté des médias, les « lives » se mettent en place. Le Monde, Slate, Le Parisien, Le Figaro, Libération, Le Soir ( Belge ), CNN, The Guardian… tous bouleversent leurs programmes. Une véritable course à l’information débute.
Une demi-heure après la première explosion, Le Figaro lance son fil d’actualité.
Ces dispositifs relaient bien évidemment des éléments factuels. Quels sont les circonstances exactes de ces explosions ? Quel bilan ? Chaque médias y répond avec plus ou moins de rigueur et de précision. Mais au-delà de leur rôle purement informatif, les fils d’actualités répondent à un second impératif : la diffusion d’images du terrain, celles prises sur le vif par des témoins ou celles des premiers journalistes sur place. Auparavant réservée aux médias TV, la contrainte du visuel s’est élargit à tous les médias d’information en ligne.
Tous cherchent à illustrer le plus rapidement possible les propos qu’ils relatent. Vidéos et photos envahissent la toile. Le Parisien va même jusqu’à créer un diaporama à peine 2 heures après le début des attentas tandis que Sud Ouest crée un onglet « Les attentats en Images « . Ces galeries de photos fournissent-elles des informations pertinentes ? Difficile de répondre catégoriquement. Mais constat s’impose : photos et vidéos amplifient considérablement la portée d’un événement dont on ne connait pas encore les circonstances exactes.
Dans cette précipitation médiatique des sources peu fiables sont relayées. Sur la twittosphère des images censées illustrer les attentats du 22 mars sont reprises. Le quotidien 20 Minutes publie ainsi une vidéo sur son compte twitter. Seul hic, elle concerne un attentat qui s’est produit à Moscou en 2011 comme le relève Les Décodeurs. Une mise en garde reprise par Le Point quelques minutes plus tard via une brève « attention aux fausses images ».
Dans cette course à l’information, les médias sont également en quête de témoignages. Simple passants, hommes politiques, peut importe, la parole d’une personne sur place a de la valeur. Pourtant rares sont ceux en mesure de livrer de nouvelles informations.
C’est par exemple le cas de Louis Aliot, député au Parlement Européen. Contacté par France Info, ce dernier alterne entre » je ne sais pas », « rien » et « pas grand chose » face aux questions de la journaliste qui lui demande ce qu’il a vu, entendu ou reçu comme consignes.
Trois heures après les attentas survenus dans le métro bruxellois, La Manche Libre publie à son tour le témoignage d’un étudiant de Bruxelles. »J’habite juste à côté de l’école, donc je suis rentré à pied sans encombre. Depuis je regarde les infos et je rassure mes proches. C’est terrible. » explique dans l’article le jeune homme de 22 ans. Même démarche pour La Voix du Nord ou encore L’Obs qui relate la version de Cédric Flin, dans le métro a plusieurs station de Moleenbeek « J’ai fait le chemin à pied jusqu’au Parlement. J’ai croisé des gens hagards, scotchés à leur smartphone « lance l’étudiant.
Dans ces papiers, beaucoup d’émotion pour peu d’information.