Les trois cofondateurs de Saveday, Matéo, Nicolas et Simon. Crédit: Saveday
Alerter et prévenir grâce à une application qui entend lutter contre les agressions de rue. C’est le projet de Simon, Nicolas et Matéo, 3 étudiants bordelais. Lancée en janvier 2022, Saveday s’appuiera sur sa communauté d’utilisateur∙ices pour protéger chacun de ses membres contre les agressions. Rencontre avec Simon Demarle, un des cofondateurs de ce projet ambitieux.
“Un jour, j’étais avec Matéo et Nicolas, et on voit un homme entrer dans un parc, une machette à la main. On a appelé la police mais le standard était plein. Il a fallu 20 minutes pour que quelqu’un décroche. Quand la patrouille est arrivée, l’homme était déjà parti.” Pour Simon qui se souvient encore avec beaucoup d’émotion de cette scène, ce fut l’élément déclencheur. Avec ses camarades, ils ont alors commencé à réfléchir à un outil permettant de signaler une agression de manière localisable sur une carte visible par tous∙tes les utilisateur∙ices. Saveday est né. Leur projet propose aussi un porte-clé qui prévient quelqu’un de son répertoire en cas d’agression. “Notre objectif est de réduire le sentiment d’insécurité”, explique Simon.
Pour bâtir leur application, les trois étudiants se sont penchés sur les cas d’agressions de rue qui ont eu lieu à Bordeaux. “Nous avons tout simplement cherché les infos sur internet. Nous n’avons pas employé d’entreprise privée pour obtenir les chiffres”. Ils ont également recueilli des témoignages de leur entourage et de personnes témoins ou victimes d’agressions ou d’actions malveillantes.
Un profil d’entrepreneur
Ce projet est né grâce à l’implication de l’incubateur Ubeelab, séduit par l’idée. L’un des acolyte, Nicolas, a dû obtenir le statut d’étudiant-entrepreneur pour mener à bien cette aventure. Aujourd’hui lui et ses camarades sont à la recherche d’un financement complémentaire qu’ils espèrent obtenir grâce à une cagnotte mise en place depuis octobre 2021. Selon Simon, ils ont reçu des soutiens à hauteur de 2000€. Un chiffre qu’il juge encourageant.
Lancée en janvier 2022 uniquement sur Bordeaux, l’application pourrait rapidement s’étendre à l’échelle nationale: “Bordeaux sera la ville pilote. Et par la suite ce serait bien que l’appli soit sur toute la France.”
Pour Simon, le début d’engouement autour de la sortie de l’application est en partie dûe à la démocratisation de la parole sur les violences sexistes: “Nous c’est un projet qui nous tient à cœur, dans tous les cas on l’aurait fait mais effectivement l’actualité peut permettre plus d’engouement autour de ce projet. Malheureusement c’est un problème de société actuel.”
“Pour créer l’appli, on a aussi pensé à nos amies et à nos petites soeurs”
Si l’application a été pensée par des hommes, son public premier devrait être féminin: “C’est fort possible qu’il y ait plus d’utilisatrices” reconnaît le jeune homme. “Malheureusement c’est principalement des femmes qui se font agresser dans la rue. Pour créer l’application, on a aussi pensé à nos amies et à nos petites sœurs.”
Pour rassurer les futur∙es utilisateur∙ices, et éviter toute forme de malveillance sur l’application, les jeunes hommes ont pris des dispositions: “Un tri sera fait à l’entrée de l’application. On demande une carte d’identité et un selfie. On devrait rencontrer des mairies aussi dans les prochains jours pour voir ce que nous pouvons faire avec elles”.
En césure, Simon se consacre entièrement au lancement de l’application. En fonction de l’évolution du projet, il continuera sa carrière d’entrepreneur ou reprendra ses études.