Pour les étudiants en situation précaire, une période particulièrement stressante et complexe approche : l’hiver et les fêtes. L’occasion de mettre en avant les initiatives mises en place pour venir en aide aux étudiants bordelais.
« Tout le monde est conscient du problème » , selon Isabelle Accoceberry, conseillère municipale déléguée à la vie étudiante. Depuis un an, le gouvernement et les responsables politiques ont enfin pris en considération la précarité étudiante, révélée notamment par la pandémie de Covid-19. À Bordeaux, le principal souci pour les étudiants, « c’est le prix des logements » indique l’élue. Néanmoins, cet hiver, la mairie n’a prévu aucune initiative particulière. L’an dernier, de nombreuses associations ont été soutenues financièrement par la municipalité. Isabelle Accoceberry s’étonne qu’elles « ne soient pas revenues » vers elle cette année. De leur côté, les associations critiquent une mauvaise communication de la ville.
« L’Auberge Nomade » , une association créée en mars 2021 pour lutter notamment contre la précarité psychologique, ne peut malheureusement pas percevoir ces subventions. Sa vice-présidente Katell Robine regrette la difficile obtention d’aides. Pour en bénéficier, une association doit avoir au minimum un an d’existence. « Heureusement que nous avons 40 familles adhérentes pour accueillir les étudiants chez eux temporairement » . Leur but : apporter du lien social, partager un jeu de société, organiser une balade ou un repas pendant les fêtes.
Des idées pour un moment de convivialité
L’association s’est rendu compte des urgences de besoin alimentaire, vestimentaire, de logement ou de travail. Pour que les étudiants puissent s’habiller chaudement cet hiver, l’association organise une distribution de vêtements, à 19h00 ce mercredi, à l’Athénée Municipal, une salle mise à disposition par la municipalité. Elle tient à rappeler que ces jeunes n’ont pas de soutien financier des parents. La majorité d’entre eux sont des étrangers, non-européens, et ils ne vont pas rentrer dans leur pays pour fêter Noël.
Si l’association n’a pas encore décidé ce qu’elle allait mettre en place pour les fêtes, plusieurs idées émergent. Un bénéficiaire a proposé que soit organisé un repas entre Noël et le Nouvel an. Mais avec la recrudescence des cas de Covid-19, les membres de l’association ont un sérieux doute sur la possibilité d’organiser un tel événement. De leur côté, les adhérents ont deux autres idées : livrer un colis de Noël ou recevoir plusieurs étudiants chez eux quelques jours. La vice-présidente souhaite que les étudiants passent, eux aussi, des moments conviviaux. Elle aimerait leur faire profiter de la « féerie de Noël » . L’association pourrait les emmener aux « Lumières légendaires » au Parc Bordelais.
L’investissement des administrations étudiantes
Le CROUS joue également un rôle dans l’identification des étudiants précaires. « L’Auberge Nomade » est venue en aide à l’un de ses bénéficiaires à la suite d’un appel d’une assistante sociale du CROUS. Elle leur a signalé la présence d’un étudiant qui s’apprêtait à dormir dans la rue. Avant de lui trouver une famille d’accueil temporaire, l’association lui a payé des nuits dans une auberge de jeunesse.
Pour venir en aide à ses étudiants précaires, l’Université de Bordeaux a mis en place une commission d’aide sociale se réunissant toutes les deux semaines depuis la pandémie. Selon l’urgence des dossiers, la commission attribue des aides supplémentaires allant de l’exonération des droits d’inscription à la distribution de colis alimentaires pour les plus démunis. En ce qui concerne les fêtes de Noël, pour tous les étudiants parents en difficulté, l’Université attribuera un chèque de 50 euros par enfant. Une initiative « symbolique » concernant une cinquantaine d’enfants, selon Anne-Marie Tournepiche, Vice-présidente de l’Université.
En 2020, le budget de l’Université prévu pour l’aide sociale était de 180 000 euros. Finalement, notamment grâce à la Contribution de la vie étudiante et de campus (CVEC), plus d’un million d’euros ont été investis pour les étudiants en difficulté. Cette année, l’Université tablait sur un budget de 270 000 €. Un chiffre qui devrait être nettement dépassé selon la Vice-présidente.