En France, la santé est la préoccupation majeure des retraité·es. Pour celles et ceux qui vivent avec des revenus modestes, il est difficile d’avancer le coût des soins non remboursés par la Sécurité sociale.
« J’ai plein d’amies dans mon club de marche qui ont des difficultés à se soigner à cause de leur petite retraite », raconte Huguette, âgée de 64 ans. Munie de son parapluie à fleurs, elle est venue soutenir plus d’une centaine de retraité·es mobilisé·es ce mardi 26 mars 2024 à Bordeaux.
Parmi elles et eux, Jacques, 74 ans, à la retraite depuis dix ans. Il lui est déjà arrivé de ne pas se soigner à cause de ses faibles revenus. « Je reconnais que de temps en temps j’ai dû faire des concessions sur ma santé pour vivre de manière décente. Aujourd’hui, tous mes soins ne sont pas prescrits et ça me coûte cher d’acheter certains médicaments », déplore-t-il. Pour les retraité·es, les traitements les plus communs sans ordonnance sont dentaires, ophtalmiques et orthopédiques. Face à cette situation, les revendications de l’intersyndicale sont claires : une Sécurité sociale couvrant 100 % des soins.
Les personnes âgées paient davantage
Le système de protection sociale repose sur la solidarité nationale entre tous les citoyen·nes. Cependant, quand il s’agit d’accès aux soins, les retraité·es sont mal loti·es par rapport aux actif·ves. Des tarifs trop élevés, des dépassements d’honoraires trop fréquents et non remboursés par l’Assurance maladie… sont à prendre en compte au moment d’aller chez le médecin. En plus, celles et ceux qui résident dans des déserts médicaux liés à la pénurie de médecins sont très souvent découragé·es par le nombre de kilomètres à parcourir pour se faire soigner. Conséquence : beaucoup sacrifient leur santé pour des raisons économiques.
Soazic est déléguée de la section FSU Gironde. Elle constate tous les jours la difficulté rencontrée par les personnes retraitées pour se soigner. « Ce n’est pas normal qu’à notre âge et qu’en France nous devions choisir entre bien manger ou bien se soigner. L’État fait peser la maladie sur les malades. Les choses doivent changer et c’est pour cela que nous sommes mobilisés aujourd’hui ». Selon France info, près de 2,5 millions de Français·es ont fait le choix de se passer de mutuelle lors des derniers mois. Cela représente 5 % de la population, dont des retraité·es, des chômeur·euses et des étudiant·es.
Quelles alternatives ?
Les tarifs des complémentaires santé ont bondi de 8,1 % sur l’année 2024, d’après l’étude de la Fédération nationale de la Mutualité publiée en décembre 2023. Cette augmentation est encore plus importante pour les retraité·es : le coût de souscription est d’ores et déjà plus élevé que le reste de la population en raison de leur âge. Face à cette difficulté, des dispositifs encore méconnus permettent d’améliorer la prise en charge de la santé des seniors. Milou Belkheir est président de l’association Mérignac solidarité complémentaire santé. Il est à l’origine du partenariat entre la mairie de Mérignac et la mutuelle de la Miasc – organisme à but non lucratif dédié à fournir des garanties santé et prévoyance. Lancée en juin 2023, cette initiative bénéficie aujourd’hui à 250 familles. « C’est une mutuelle intergénérationnelle, elle n’augmente pas en fonction de l’âge. Elle fait économiser jusqu’à 30 % par rapport à une mutuelle privée, précise-t-il. Nous accueillons beaucoup de retraités. On compare leur contrat, s’il est correct on leur préconise de le garder sinon on leur propose la mutuelle communale. On ne triche pas avec eux ».
D’autres mutuelles communales existent en Gironde (Pessac, Talence, Libourne, etc). Une alternative qui ne résout néanmoins pas tous les problèmes financiers liés à l’accès aux soins des retraité·es.
Jules Joué