La Nouvelle-Aquitaine, bonne élève de la vaccination

Entrée de l'hôpital Suburbain du Bouscat. Crédit photo : Maxime Asseo

Loin d’être la plus durement touchée par l’épidémie de Covid-19, la Nouvelle-Aquitaine est l’une des régions en tête dans la campagne de vaccination. Cela alors que le gouvernement avait un temps pensé favoriser l’avancement de cette opération sanitaire dans les zones les plus frappées par le virus. Analyse de la stratégie régionale. 

Entrée de l'hôpital Suburbain du Bouscat. Crédit photo : Maxime Asseo
Entrée de l’hôpital Suburbain du Bouscat. Crédit photo : Abdelmalek Benaouina

64 465, c’est le nombre de personnes qui ont reçu la première dose du vaccin contre la Covid-19 en Nouvelle-Aquitaine au 19 janvier, selon le ministère de la Santé. La région est la deuxième à avoir réalisé le plus de vaccins, derrière l’Ile de France, et au coude-à-coude avec la région Auvergne-Rhône-Alpes, deux territoires pourtant bien plus peuplés. 

La part importante des personnes de plus de soixante-quinze ans dans la population explique en partie l’avancée de la région en termes de vaccination. La Nouvelle-Aquitaine était le territoire le plus âgé de France en 2016. Les plus de soixante-quinze ans y dépassent les 11,5% de la population, contre 9,5% dans le reste de la France, en 2020, selon l’Insee. Et dans cette tranche d’âge, une personne sur dix résiderait en Ephad. Toute une population prioritaire dans la stratégie nationale de vaccination.

L’efficacité du flux tendu

Les contraintes logistiques de conditionnement du vaccin sont lourdes et obligent à une stratégie d’écoulement des stocks rapide et efficace. C’est en tout cas ce qu’expliquait lundi le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS), Benoît Elleboode lors d’une conférence de presse «L’objectif, c’est le flux tendu, c’est-à-dire avoir le moins de stock possible. Un vaccin qui n’est pas administré est un vaccin inutile

Cette stratégie d’écoulement rapide des doses après réception, particulièrement promue par l’ARS bordelaise, a favorisé la vaccination à une échelle plus importante qu’ailleurs dans l’hexagone. Un argument corroboré par un médecin libéral bordelais, pourtant critique vis-à-vis de l’Agence et qui a souhaité rester anonyme. «L’ARS a réussi à débuter la campagne de vaccination rapidement et de manière efficace en Nouvelle-Aquitaine. Elle a pris une avance sur les autres régions dans les premiers jours, avance qu’elle a conservée depuis.»

Une campagne qui reste insuffisante

Mais, derrière le chiffre important de 64 465 premières doses injectées aux résidents d’Ehpad, personnels soignants et aux personnes de plus de soixante-quinze ans, celui de la proportion de population vaccinée reste faible. Si ce chiffre est supérieur à l’Ile de France, 85 personnes pour 100 000 habitants, seuls 107 personnes pour 100 000 Néoaquitains ont eu le droit au remède miracle contre la pandémie. Bien loin des 67 % préconisés par les scientifiques de l’Institut Pasteur pour atteindre l’immunité collective et retrouver la vie d’avant. La campagne de vaccination suit donc son cours, mais il reste difficile d’anticiper l’avenir en Nouvelle-Aquitaine. D’autant que les autorités sanitaires ont évoqué vouloir donner la priorité d’accès aux doses de vaccin Moderna aux régions de l’Est de la France les plus touchées par l’épidémie. La proportion du vaccin Pfizer-BioNTech sera donc plus importante dans l’Ouest, et le retard de production pourrait réduire l’avance prise par la région Nouvelle-Aquitaine. Les médecins libéraux anticipent et craignent un manque de doses, qui mettrait un terme à l’avancement de la campagne de vaccination en Nouvelle-Aquitaine.  «Tôt ou tard, la pénurie de doses va poser problème

Luca Campisi et Hugo Bouët

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