L’environnement est au cœur des municipales : 44 % des Bordelais estiment qu’il s’agit d’un sujet prioritaire, selon un sondage Elabe. Mais la vague verte, dans le sillage des élections européennes, pourra-t-elle porter le candidat EELV, Pierre Hurmic, à la Mairie de Bordeaux ?
« Il n’est pas possible que cette ville ne bascule pas, le temps de l’écologie est venu » estimait Pierre Hurmic, le candidat écologiste, et l’invité surprise de ces élections, à la Mairie de Bordeaux en décembre dernier. C’est un fait, l’écologie s’est imposée dans les débats politiques et elle est au coeur des élections municipales : les candidats verdissent leur programme et font de l’environnement un enjeu central. Les radars sont donc au vert mais le candidat parviendra-t-il à transformer l’essai pour s’imposer à l’Hotel de Ville ? Rien n’est joué selon Jean Petaux, politologue à Sciences Po Bordeaux : « À Bordeaux, les Verts ont toujours fait des scores médiocres, y compris Pierre Hurmic. Il y a une vague nationale, c’est acquis, mais est-ce que ça va se prolonger ? ».
Les Européennes, un indicateur biaisé
Aux élections européennes, les Verts ont créé la surprise. Ils ont gagné en visibilité avec un score record. À Bordeaux, le candidat Europe Ecologie les Verts, Yannick Jadot, a recueilli 21,54 % des suffrages. Plus important encore, ce chiffre historique a rendu la thématique environnementale incontournable. Le sujet est désormais une priorité dans les programmes de tous les candidats. Mais ce record serait en réalité un indicateur biaisé pour Jean Petaux. « S’ils font des gros scores aux élections européennes, c’est avant tout car il n’y a pas d’enjeux de politique nationale directe et une forte abstention ». Aussi, le vote européen se décline en deux catégories : d’une part un vote souverainiste et eurosceptique, d’autre part un vote d’adhésion à l’Europe dont bénéficient les Verts.
Si le résultat des Européennes est à prendre avec précaution, elles ont été fructueuses pour les écologistes au regard de la décomposition de la gauche. Dans ce contexte, Pierre Hurmic pourrait parvenir à prendre le lead selon Camille Bedock, chercheuse au Centre Emile Durkheim.
L’horizon s’éclaircit à gauche
Une chose est sûre pour l’experte : « À gauche, il est plus ou moins la seule alternative ». En décembre dernier, Matthieu Rouveyre et Vincent Feltesse (PS) ont décidé de se retirer pour rejoindre le candidat écologiste et créer une union des gauches bordelaises. Autre point jouant en sa faveur : Thomas Cazenave, encarté En Marche, a choisi de se présenter seul au lieu de s’allier à Nicolas Florian. Une aubaine pour Pierre Hurmic, donné en tête d’un sondage, juste derrière le candidat Les Républicains : « Dans l’hypothèse d’une triangulaire au deuxième tour, il pourrait avoir ses chances grâce à une potentielle division des votes au centre droit » estime Camille Bedock.
Mais les scénarios restent difficiles à établir. Les élections municipales à venir seront particulières car réellement compétitives, une première depuis des années. La ville a en effet une histoire locale spécifique car il n’y a pas eu d’alternance politique depuis 1947. Seuls deux maires se sont succédés, des figures politiques et nationales importantes : Jacques Chaban-Delmas et Alain Juppé. « Aujourd’hui, c’est la première fois qu’il n’y a pas de personnalité nationale en compétition alors qu’auparavant l’élection était presque jouée d’avance » conclut Camille Bedock.