À l’occasion de la journée des droits des femmes, Imprimatur lance une série de portraits ! À 21 ans, Marilou Andreani s’engage déjà pour l’égalité homme-femme.Étudiante en troisième année de licence à l’Institut d’Études Politiques de Bordeaux, elle a fondé l’association Sexprimons-Nous. Portrait d’une étudiante féministe.
Pour le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, l’IEP de Talence s’est paré de bien singulières affiches multicolores. Derrière elles, une petite brunette souriante avec un long manteau noir s’active pour en accrocher un peu partout dans le campus. Car cette année, la journée des droits des femmes est placée sous le signe du harcèlement sexuel à Sciences Po Bordeaux. Aujourd’hui et plus que jamais, Marilou Andreani est sur le pont. L’étudiante aux cheveux bouclés entend bien marquer les esprits. « Tu ne cuisines pas ? T’es une femme pourtant … » peut-on lire sur une première affiche. « Hey psssst … On va chez toi ? » dit une seconde. Des phrases crues qui ont pour vocation d’éveiller les consciences des étudiants sur le harcèlement sexuel au quotidien.
Cette campagne est le résultat du travail des membres de Sexprimons-Nous. La dynamique Marilou en est la présidente. L’association s’est donnée pour objectif de promouvoir les valeurs de l’égalité des sexes et des genres. En quelques mois seulement, elle a déjà organisé de nombreux événements d’une rencontre avec l’association Trans 3.0 par exemple, à des débats autour de films engagés en faveur de la cause féministe comme L’homme qui répare les femmes de Thierry Michel. Les inégalités hommes-femmes y sont vues et débattues sous toutes les coutures. « Sois qui tu veux être et ne t’enferme pas dans ce que ton sexe te dicte » c’est le leitmotiv de l’association de Marilou.
Le féminisme suédois
L’étudiante à Sciences-Po Bordeaux a vu son engagement pour le féminisme grandir avec elle. « Dans ma famille les femmes sont très actives » insiste la Varoise qui a grandi près de Toulon. Un sujet d’ores et déjà prégnant pour la jeune femme qui intègre bientôt l’IEP. L’engagement était alors plus dans ses lectures que dans ses actes. C’est véritablement en deuxième année de licence, lorsqu’elle part étudier un an à Malmö, en Suède, que le féminisme et la cause de l’égalité homme-femme l’interpellent.
« C’était dans plein de petits détails. » se souvient l’élégante Marilou. « Par exemple, les toilettes étaient toujours mixtes. Il y avait beaucoup plus de papas avec des poucettes dans la rue, il n’y avait pas de réunion après 18h pour que pères et mères puissent être avec leurs familles ! Ça m’a choquée de voir que ça me surprenait. » Dans un pays où « féminisme » est un mot qui suscite moins de réticences qu’en France, cette grande amatrice de voyages découvre un nouvelle manière de voir les rapports entre hommes et femmes. « Quand on parle aux gens, on sent, qu’avec les hommes par exemple, on est d’égal à égal. On ne te fait pas de remarques dans la rue », se remémore-t-elle.
« Ton sexe ce n’est pas ton cerveau, ce n’est pas ta personnalité »
De retour en France, Marilou décide de partager son expérience avec des amies revenues d’Argentine ou du Maroc. Une évidence s’impose alors : éveiller les consciences sur la place des femmes dans les sociétés. Toujours pleine d’idées, Marilou se décide à monter une association (de peur que quelqu’un ne le fasse avant elle.) Sexprimons-nous est né. D’abord composée d’une bande de copains, l’association s’étend. Elle compte désormais 40 adhérents et son nom résonne chaque jour un peu plus dans le campus. L’étudiante est sur tous les fronts : organisatrice, présidente, secrétaire, trésorière… elle a plusieurs cordes à son arc. « Elle n’est jamais en manque de projets et a une énergie impressionnante. Elle a un très bon contact avec les gens et sait mobiliser les adhérents » saluent ses amis Louis et Alizé.
Entre militantisme et sensibilisation
Pas de message militant en vue mais un seul maître mot : sensibiliser. « Vivre sa féminité ou sa masculinité en toute liberté, sans idées préconçues de ce que devrait être la place des uns et des autres. On assigne trop de rôles au sexe biologique« , s’insurge en parlant rapidement la jeune étudiante. Passionnée par sa cause, Marilou ne mâche pas ses mots.
Mais son engagement ne s’arrête pas là. Intéressée par des groupes féministes comme la CLEF (Collectif de Lutte des Étudiantes Féministes), Marilou a décidé de s’engager aussi à titre personnel. Et pourquoi pas en faire son métier ? La question fait son chemin dans la tête de la jolie brune. « La thématique de la ville comme tremplin dans l’égalité homme-femme me plait beaucoup » explique-t-elle. Elle a déjà pour projet de partir faire un stage à Montréal, une ville où l’égalité entre les sexes est une problématique cruciale et dans laquelle elle aimerait étudier les questions de la place des femmes dans l’espace public.
Des projets plein la tête, Marilou compte bien continuer à courir partout pour défendre les droits des femmes.