En marge du cortège de lycéens qui traversait le centre-ville de Bordeaux ce mercredi, des violentes altercations ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l’ordre.Habitués depuis plus de trois semaines à affronter les gilets jaunes, les CRS doivent-ils adapter leur comportement face aux mineurs ?
A 15 ans et à 25 ans, le coup de matraque ou le tir de flashball n’atteint pas de la même manière. Ce mercredi, place Stalingrad sur la rive droite, la manifestation de lycéens partie de la place Pey-Berland a dégénéré. Poubelles enflammées, voitures vandalisées, l’intervention des CRS était inévitable : « Il y a eu des regroupements, quand nous avons dit aux manifestants de se disperser, ils auraient dû le faire. Ça n’a pas été le cas, il a donc fallu intervenir. ».
Dépositaires de l’ordre public, les CRS interviennent pour maintenir ou restaurer l’ordre. En cas de violences ou d’exactions criminelles de la part des manifestants, la loi ne fait pas de distinction entre adultes et mineurs. Un représentant de l’État habilité (préfet ou maire, par exemple) ou un officier de police judiciaire peut, s’il l’estime nécessaire, ordonner l’usage de la force et disperser un attroupement « après deux sommations de se disperser restées sans effet » selon le code de la sécurité intérieure.
Sur le terrain, l’âge ne saute pas aux yeux
Lorsqu’il est interrogé sur sa manière d’appréhender les lycéens, un agent du maintien de l’ordre s’énerve : « Des mineurs n’ont rien à faire dans une manifestation, donc il n’y a pas de règles particulières pour nous ». Une réponse limpide d’un CRS exténué par des semaines de mobilisations. Les syndicats que nous avons contacté sont unanimes sur le sujet : il n’existe aucun règlement interne spécifique concernant les manifestations de lycéens. Mineurs ou pas, les consignes sont les mêmes.
Eric Marrocq, du syndicat Alliance police nationale de Bordeaux, comprend cette décision. Il rappelle que les manifestations lycéennes sont de plus en plus polluées par des casseurs, en grande partie majeurs : « Quand une soixantaine de jeunes nous fonce dessus, on ne peut pas faire le tri entre lycéens et black blocs, on n’a pas le temps de regarder les cartes d’identité ».
En cas de débordements ou de violences policières injustifiées, la situation est en revanche bien plus floue. Certes la justice est particulièrement protectrice des mineurs de moins de 15 ans. Mais pour les mineurs de 16 à 18 ans, noyau dur des manifestations, rien n’est prévu. En témoigne la condamnation à seulement huit mois de prison avec sursis d’un policier qui, en avril 2016, avait asséné un coup de poing à un lycéen lors d’une manifestation.
Finalement, aux yeux de la police, il n’y a ni majeurs, ni mineurs. Simplement des manifestants.