Président de la Fédération Française de pelote basque depuis douze ans, il a de nouveau remporté la confiance des siens et a été réélu ce dimanche pour un quatrième et ultime mandat. Largement plébiscité par les clubs de la métropole bordelaise, ces derniers espèrent plus de décentralisation dans les décisions fédérales, et des actions concrètes pour redonner à ce sport une visibilité à la hauteur de son héritage.
Il est 20 heures, ce dimanche, quand la tension retombe enfin. Sur la chaîne YouTube de la Fédération Française de Pelote Basque, les résultats sont proclamés : Lilou Echeverria conserve son siège de président d’une courte tête, seulement 7 voix d’avance (601 contre 594) face à Stéphane Saint-Laurent. Dans les clubs bordelais, membres de la ligue Côte d’Argent (Gironde + Charente-Maritime), qui s’est mobilisée en faveur du président sortant, ce résultat est accueilli comme un soulagement mêlé d’espoir.
Une victoire qui apaise, mais des fractures à combler
Dans l’euphorie mesurée de la réélection, une certitude émerge : sans le soutien des territoires extérieurs au Pays Basque, Lilou Echeverria n’aurait jamais conservé son fauteuil. « Toute la ligue Côte d’Argent a voté pour lui », explique Pierre Bellegarde, président du CAM Bordeaux Pelote Basque. Pour des clubs souvent laissés en marge des décisions fédérales, ce choix reflète une volonté de continuité. « Il a su élargir son équipe, intégrer des représentants d’autres régions, contrairement à son adversaire », confie Jean-Claude Boury, président du club de Gradignan.
Ce soutien massif de la Côte d’Argent tranche avec la situation au Pays Basque, bastion historique de la pelote, où le rival Stéphane Saint-Laurent est largement arrivé en tête. La fracture est là, palpable, mais pour les clubs girondins, cette élection est surtout une occasion de faire entendre leur voix dans une fédération encore trop centrée sur ses origines basques.
De fortes attentes
Malgré ce soutien, les clubs girondins ne cachent pas leurs attentes. À Gradignan, Jean-Claude Boury se bat depuis des années pour la construction d’un mur à gauche couvert. « C’est le cœur de notre projet. Sans infrastructure, impossible d’accueillir des jeunes ou d’organiser des compétitions en hiver », déplore-t-il. Mais avec un coût estimé entre 1,2 1,4 million d’euros, son rêve reste hors d’atteinte. « Les élus hésitent, c’est un sport qu’ils considèrent comme mineur. ». Avec cette élection, il espère un soutien supplémentaire de la fédération.
Au club de Bordeaux Chantecler, le président Edgard Gaillard partage ce constat amer : « On manque de visibilité, et sans public, la pelote stagne. » La paleta gomme pleine, discipline la plus pratiquée en Gironde, souffre d’un cruel manque d’attention. Pourtant, des promesses émergent de la fédération : la création de compétitions internationales pourrait changer la donne. « Si cela se concrétise, ce serait un grand pas pour nos joueurs de haut niveau », confie le président, un brin rêveur.
Le spectre du padel
Mais les infrastructures ne sont pas le seul enjeu. Dans l’ombre, un rival gagne du terrain : le padel. Ce sport de raquette, populaire et accessible, séduit les jeunes, les femmes – peu représentées sur les canchas – et même les anciens joueurs de pelote en quête d’une pratique plus douce. « On voit des licenciés partir. Le padel est plus spectaculaire, mieux médiatisé. La pelote, elle, reste morcelée en disciplines trop méconnues », regrette Jean-Claude Boury. 22 disciplines sont aujourd’hui reconnues par la FFPB.
Face à cette concurrence, les présidents girondins espèrent une réaction de la Fédération. « Il faut un plan stratégique pour endiguer cette fuite. Sinon, nous perdrons la bataille des nouvelles générations », avertit Edgar Gaillard. Mais la pelote, sport d’héritage et de tradition, peut-elle rivaliser avec un concurrent au marketing aussi agressif ? La question reste en suspens.
Pour Lilou Echeverria, ce quatrième mandat s’annonce comme un passage de témoin. Dans son discours de victoire, il a évoqué la « transmission » et des « grands projets internationaux ». Ces mots résonnent dans les clubs girondins comme une promesse.
Edgar Causse