À Bordeaux, le campus des Sciences de l’Homme, place de la Victoire, est occupé par les étudiants depuis maintenant une semaine. Seulement quelques étudiants sont présents pour se dresser contre la précarité universitaire aujourd’hui. La réforme des retraites est entrée dans les revendications, alors qu’Édouard Philippe prononce son allocution ce midi.
Des affiches antifascistes, des slogans contre les inégalités sociales et des tracts pour la mobilisation éparpillés par le vent ornent les murs de l’entrée du campus historique de Bordeaux. Quelques personnes discutent sur les chaises et les canapés installés dans le hall, autour d’un stand « anti sexisme ». Les grands couloirs de l’université des Sciences Humaines sonnent creux par rapport à l‘effervescence de la semaine passée. On tente de la faire vivre par des activités autour de thèmes sociaux. On décide aussi du programme de la journée, entre assemblées générales, projections et débats. Hereiti, étudiante en psychologie, ne compte pas lâcher prise. « On a commencé à la suite de tentatives de suicides de plusieurs étudiants. La réforme des retraites s’est rajoutée à cela. », explique-t-elle.
Depuis une semaine, aucun cours n’y a lieu. Les étudiants présents ici insistent, il ne s’agit pas d’un blocage mais d’une occupation. Des méthodes décriées par une partie du corps enseignant. Laurent Coste, maître de conférences à l’Université Bordeaux Montaigne, fait la distinction entre le problème de fond et les moyens mis en place. « Empêcher la tenue des cours revient à ne pas respecter la liberté de tous », argumente l’enseignant. Il existe, pour lui, une quantité de moyens moins radicaux pour exprimer des revendications. Aussi, l’universitaire rappelle que rallonger l’année universitaire en la paralysant peut nuire aux plus précaires, qui doivent payer des frais supplémentaires de logement et de déplacement notamment.
Obtenir gain de cause
Pierre, étudiant en deuxième année de sociologie, ne se projette pas encore à l’âge de la retraite. Il s’oppose pourtant à cette réforme. C’est tout un système qu’il dénonce en se joignant à la contestation étudiante. « Il faut montrer que nous ne laisserons pas le gouvernement faire ce qu’il veut », avance-t-il. Lui qui rêve de devenir instituteur considère que cette réforme dévalorise la profession. Une justification de l’occupation de son université.
« C’est une modalité d’action. Pas une fin. ». Christophe Pébarthe définit ainsi l’occupation du campus universitaire. Maître de conférences en Histoire Ancienne Grecque, il a participé à l’Assemblée Générale des professeurs qui s’est tenue dans l’amphithéâtre Pitres aujourd’hui. Opposé à la réforme sur les retraites, cet universitaire soutient le mouvement d’occupation. Il considère que le débat ne doit pas être celui des moyens d’agir, mais celui des raisons de la contestation. « Aujourd’hui on a un certain nombre d’acquis, qui montrent très bien que la lutte paie ». Lui qui défend ce mouvement de revendications explique également que toute avancée sociale passe par la transgression d’une loi. Un écho aux propos des étudiants occupant le campus de la Victoire aujourd’hui.
Baptiste Mougey