L’histoire se répète. Un énième départ. Un énième tweet. Hier, Rex Tillerson a été renvoyé par Donald Trump. L’occasion pour la presse d’exposer la même rhétorique à l’égard du président américain.
Rex Tillerson s’est ajouté hier à la longue liste des personnalités politiques qui ont quitté le gouvernement de Donald Trump. Un peu à la manière des articles sur les personnes dont l’entourage proche n’a pas vu poindre la radicalisation, la presse française se réjouie presque pour l’ex-PDG d’ExxonMobil. Le Point évoque en titre « un chemin de croix » là ou le HuffPost préfère l’emploie du mot calvaire. Le cadre est rassurant, le bien et le mal identifié.
Les derniers mois et le parcours du « grand patron raisonnable » et chef de la diplomatie sont détaillés par le menu. Le HuffPost précise que Rex Tillerson s’est efforcé de contenir l’imprévisibilité de l’homme le plus puissant du monde. Geoffroy Clavel rappelle qu’il est le principal responsable de l’ouverture d’un dialogue avec Kim Jong Un. « Finalement, la voie des négociations s’est imposée et un sommet inédit devrait réunir les deux chefs d’État… sans Rex Tillerson » précise-t-il, ironiquement.
Fin de deux ans de calvaire avec Trump pour l’ex-PDG diplomate https://t.co/3CidxPsgtI
— Le HuffPost (@LeHuffPost) March 13, 2018
Chez i24 France, le ton est plus feutré. On parle d’une série de « divergences » et de « désaccords » et qui ont conduit à son licenciement. On convoque l’histoire coréenne, une nouvelle fois. Rex Tillerson est celui qui « ouvert la voie à un dialogue ». Il est aussi celui qui a osé le traiter de « débile » ou de « crétin », terme employé par Le Monde, en octobre dernier et qui, pour les journalistes, expliquerait rationnellement…l’irrationalité de Trump, c’est à dire le début d’une friture sur la ligne.
Trump, personnalité aux bornes bien définies
Bien évidemment, l’utilisation compulsive de Twitter par l’auteur de « The Art Of The Deal » permet d’alimenter le caractère impulsif et irrationnel du président américain. Ses tweets parsèment l’intégralité des papiers et participent au décryptage de sa personnalité. Une personnalité parfois même contradictoire comme le souligne Libé dans son édition papier et qui lui rappelle qu’il ne tarissait pas d’éloges à son égard lors de son embauche. Inlassablement, Rex Tillerson a suivi le même chemin que ces prédécesseurs. Celui qui mène à la porte.
Cette impulsivité et cette irrationalité affolent aussi les marchés, bien évidemment. Challenges titre sur « l’inquiétude de Wall Street » et de l’ensemble des marchés américains. A 16h, Wall Street perdait 0,09 %, le Nasdaq reculait de 0,52 %. La roue tourne encore une fois dans le même sens et on a le sentiment de relire les mêmes papiers que ceux traités pour les cas Bannon ou Spicer, pour ne citer qu’eux.
Seul au milieu d’un océan d’évidence, Slate prend le contre-pied. Le pure-player affirme que « le renvoi de Rex Tillerson est l’une des rares bonnes décisions prises par Trump ». Jamais dans la demi-mesure lorsqu’il s’agit de parler de lui, le journal ouvre comme suit : « Eh bien voilà, Rex Tillerson vient finalement de prendre la porte. Il quitte une administration en pleine déconfiture avec l’image du pire -et sans doute du plus passif- de tous les secrétaires d’État des Etats-Unis depuis au moins un siècle ». Rien que cela.
Ces deux caractères sont depuis longtemps contre-balancés dans la presse par la rassurante certitude que cette apparente folie ne durera qu’un temps. Donald Trump doit déjà se battre pour aller au bout de son premier mandat.
Déjà fin janvier 2017, Le HuffPost publiait une tribune de Robert Kuttner, économiste mais aussi prophète et véritable Madame Irma, qui affirmait, à coup sûr, que Donald Trump subira une procédure d’ « impeachment ». « Donald Trump sera destitué, mais quand ? ». Le 19 janvier dernier, Le Parisien choisit d’interviewer Allan Lichtman, professeur prophétique qui avait annoncé la victoire d’Obama et du Brexit. Avec ce titre: « Trump n’aura pas trois ans de plus à la tête du pays ». Le contenu ? « Si mes prédictions sont justes, et jusqu’à présent elles l’ont toujours été, il n’aura pas de trois ans de plus à la tête du pays. Il sera destitué avant, peut être au printemps 2018 ». Rendez-vous le 21 juin, au début de l’été.