C’est un Spotlight à la française qui fait pschitt. Le diocèse de Lyon est secoué depuis quelques semaines par une affaire de pédophilie. A défaut d’enquêter, les journaux de ce mardi 15 mars, sont restés spectateurs de l’information. Retour sur un scandale qui agite l’Eglise catholique française, jusqu’au Vatican.
L’affaire a connu un nouveau rebond ce matin. Tout commence dans Le Figaro. Le journal révèle le témoignage exclusif de Pierre, 42 ans aujourd’hui. Il affirme avoir été victime d’attouchements sexuels à 16 ans par le père Jérôme Billioud, dans le diocèse de Lyon.
⭕EXCLU- Le cardinal #Barbarin face à un nouveau témoignage mettant en cause un autre prêtre https://t.co/o6DWY0WPBt pic.twitter.com/5H3lic7XDO
— Le Figaro (@Le_Figaro) March 14, 2016
« Serait-ce le début d’un Spotlight à la française ? Le film américain, tout juste primé aux Oscars, raconte la mise au jour des pratiques de prêtres pédophiles couverts par l’Église catholique dans la région de Boston. Aujourd’hui en France, le scandale touche Lyon. Et Pierre -qui souhaite pour l’heure conserver l’anonymat-, livre au Figaro un nouveau témoignage ». C’est ainsi que débute l’article, avant d’en venir aux faits et aux déclarations de ce haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur. Un récit poignant à retrouver sur le site du quotidien. A en croire l’auteur, le journal n’est pas prêt de se cantonner à cette seule entrevue.
Sur RMC ce matin, Jean-Jacques Bourdin a profité de la présence de Manuel Valls pour le faire réagir sur l’article publié quelques heures plut tôt. Le Premier ministre a alors demandé au cardinal de prendre ses responsabilités. « Le seul message que je peux faire passer, sans prendre sa place, sans me substituer à l’Eglise de France, sans prendre la place des juges, car une enquête est aujourd’hui ouverte, c’est de prendre ses responsabilités. C’est à lui de prendre ses responsabilités, de parler, et d’agir ».
VIDÉO – Pédophilie dans l’Eglise: Valls réclame « des actes » au cardinal Barbarin https://t.co/fgXJ2PgdxK pic.twitter.com/z5QH9SGSwB
— BFMTV (@BFMTV) March 15, 2016
En réponse aux déclarations du cardinal Barbarin qui a déclaré dans une conférence de presse n’avoir « jamais, jamais, jamais couvert le moindre acte de pédophilie », France Info a donné la parole aux victimes. François Devaux, président de l’association de victimes La Parole libérée, a ainsi été entendu. Il a déclaré croire le cardinal Barbarin mais que « le problème n’est pas là ». France Info pose également la question de la démission du cardinal lyonnais, sans se positionner réellement sur le sujet.
Quand certaines donnent la parole aux victimes présumées, d’autres font l’inverse. C’est le cas du Point qui dresse un portrait du cardinal de Lyon. L’hebdomadaire revient sur le parcours de Philippe Barbarin, surnommé « Monseigneur 100 000 volts », connu notamment pour ses positions rigides sur le mariage homosexuel. Si le titre « Philippe Barbarin, le cardinal qui fait polémique » annonce un papier choc, il n’en est rien. Le Point publie un article sans prise de risques, où l’on apprend que le cardinal est fan de Tintin et va à la rencontre des Roms et des sans-papiers.
Philippe #Barbarin, le cardinal qui fait polémique >> https://t.co/uEjTPqNKbS pic.twitter.com/Wlc6TIkQ9A
— Le Point (@LePoint) March 15, 2016
La plupart des médias se sont donc contentés de commenter les différentes déclarations de la journée, mais le site de France 3 Rhône-Alpes a décidé de traiter l’affaire sous l’angle des réseaux sociaux. Sur twitter, pro et anti Barbarin se déchirent. De vieilles querelles ressurgissent alors. Notamment celle du mariage pour tous.
Ouest France revient quand à lui sur les scandales qui ont secoué l’Église à travers le globe. Des Etats-Unis, en Australie, en passant par l’Irlande, le cas du diocèse de Lyon n’est pas unique. L’article rappelle notamment qu’ « en 2000, la Conférence des évêques de France décide d’aborder de front la question. Le 9 novembre 2000, les évêques français publient une déclaration commune pour condamner la pédophilie. Ils reconnaissent que l’Église, comme d’autres institutions, n’est pas épargnée « par une réalité dont elle découvre toute la complexité » ».
Une affaire traitée sous des angles aussi divers que variés, mais sans réelle enquête. La presse française semble être plus à l’aise lorsqu’il s’agit de commenter le travail acharné des journalistes du Boston Globe.