Alors que l’élection présidentielle approche, l’Association des Paralysés de France (APF) organisait ce mercredi 9 mars des mobilisations partout dans le pays pour défendre les droits des personnes en situation de handicap. A Bordeaux, l’appel à manifester relayé par l’APF Gironde Handicap a réuni plus d’une cinquantaine de personnes.
Le handicap, thème oublié du débat politique et de la campagne présidentielle. C’est le constat dressé par l’Association des Paralysés de France. S’il n’est certes pas complètement absent des programmes de la plupart des candidats (voir notre infographie), il apparaît clairement que le sujet n’est que peu – ou pas – porté politiquement dans la sphère médiatique. Pour Laetitia Fosse, directrice de la délégation APF France en Gironde, le handicap est absent du débat politique car ils n’est pas « rentable » politiquement. « Ce n’est pas sexy, ça fait peur, mais ça peut surgir à tout moment au cours de vie. »
Selon l’Insee, il y aurait près de 12 millions de personnes en situation de handicap en France et 11 millions d’aidant·es. Cette invisibilisation dans le débat public agace, comme à Bordeaux, où une cinquantaine de personnes se tenaient fièrement devant le Palais de Justice.
Des attentes fortes
Hélène Vallantin Dulac, administratrice d’APF France est elle-même porteuse de handicap. Derrière ses lunettes, son regard noir en dit long. Elle égrène ses attentes une à une : « On attend une meilleure accessibilité des lieux recevant du public mais aussi des logements. On attend un droit à une vie affective et sexuelle. On attend surtout que notre voix compte et que les politiques parlent enfin de nous. » Surtout, elle trouve déplorable que l’unique saillie dans le débat public soit la déclaration d’Eric Zemmour sur les enfants en situation de handicap. « Les politiques ne prennent pas en compte la parole d’un tiers de la population française ! »
Si Hélène attend une meilleure prise en compte d’un droit à compensation des conséquences de handicap, « un droit individuel et intégral », elle reconnaît comme Laetitia Fosse l’importance de déconjugaliser l’Allocation aux Adultes Handicapé·es. Cette mesure phare présente dans plusieurs programmes est portée depuis longtemps par l’APF afin que le revenu du conjoint ne soit pas pris en compte, ce qui reviendrait encore à isoler la personne handicapée, et à la garder dans une situation de dépendance. Le 16 septembre dernier, à l’occasion d’une manifestation très suivie, un non-mariage avait été célébré par Olivier Escots, adjoint au maire de Bordeaux en charge du handicap. Un soutien de la mairie apprécié par Laetitia Fosse.
Un sujet qui ne devrait pas en être un
Dans le brouhaha, elle déplore l’inaction politique, tout en se refusant à juger le bilan du quinquennat Macron. Toutefois, elle tance le débat public et la société. « Les enfants en situation de handicap qui peuvent aller à l’école devraient avoir une auxiliaire qui les accompagne, qui soit formée correctement sur le handicap, qu’elle soit rémunérée décemment. Il en va de même pour ceux qui vivent à domicile et qui devraient pouvoir être couchés et levés à toute heure. Que l’handicap soit physique ou mental, chaque personne mérite un accompagnement et un revenu décent. Il en va de même pour les aidants. Les handicapés sont des citoyens à part entière. Ils ont les mêmes droits ! »