Depuis la rénovation de la place du marché, commencée en 2005, la mairie de la Teste-de-Buch fait tout pour redynamiser son centre-ville. Mais des mesures contradictoires viennent ralentir ces efforts. D’un côté, les commerçants se désolent, de l’autre les candidats ne font pas du centre-ville une priorité.
Il est 12h20, certains commerçants commencent déjà à remballer. Il faut dire que la place du marché n’a pas vu passer beaucoup de chalands, comme souvent en semaine d’hiver. Les plus téméraires attendront 13h, heure de fermeture imposée par la mairie de la Teste-de-Buch.
Une voix grave se mêle au vent qui balaye la place. « Avant, les gens venaient ici pour se retrouver, maintenant ils viennent chercher leurs petites courses et ils se cassent. » Maraîcher depuis un an, Laurent constate que les efforts de la mairie pour redynamiser le marché sont insuffisants… Insuffisante aussi, la cohésion entre les acteurs pour porter un projet. De ce fait, ces derniers s’effacent de la prise de décision concernant leur lieu de travail. « Nous passons au second plan, je ne pense pas avoir vu un seul programme qui s’attarde sur le marché. Quand on l’évoque, c’est pour les logements construits autour. Une fausse excuse pour attirer du monde et gagner de l’argent ».
Avant de pointer du doigt certains étals voisins sur la place du marché. “A peine leurs stands installés qu’ils pensent déjà à partir. C’est chacun pour soi et certainement pas la mairie pour tous”.
Redynamiser le centre ?
Le maire sortant, Jean-Jacques Eroles tient, malgré les critiques, à souligner son envie de prolonger ce nouveau dynamisme. Dans une interview accordée à Actu Bassin TV, celui qui brigue un troisième mandat assure que l’un des objectifs de sa campagne est de “reconstruire un vrai centre-ville autour du marché”. Une suite logique pour lui et pour cause, des travaux ont déjà été entamés depuis son premier mandat en 2008. On y trouve alors la construction de nouveaux logements, la place rénovée, une nouvelle disposition au sein du marché mais aussi une aide matérielle. Dès lors, de nouveaux commerces se sont installés. Une employée du bar-restaurant L’annexe des copines en est très heureuse : “Nous sommes arrivés en juillet dernier et je pense qu’on peut parler de succès”. Un plaisir qu’elle retrouve dans l’investissement de la mairie. “A Noël, la municipalité nous a prêté des tentes pour proposer nos produits. Forcément ça attire du monde. On se sent soutenu”. Ajoutez des boutiques traversantes et des parkings gratuits devant le marché et vous obtenez alors (normalement) le centre-ville idéal.
Des mesures contradictoires
“Vous avez vu quoi sur la route en venant de la gare ? Des opticiens, des banques, des agences immobilières et quoi d’autre ? Il n’y plus aucun commerce de bouche. Pas d’artisan” remarque Eric, le patron du bar qui se situe au coeur du marché. Pour trouver des artisans en dehors du marché, ça devient alors compliqué. Résultat : pour acheter de la viande fraîche, vous avez jusqu’à 13h.
Un problème se dresse depuis novembre 2013 : l’ouverture d’une zone commerciale Leclerc à six kilomètres du marché. “C’est assez contradictoire, la mairie souhaite redynamiser le centre mais l’éclate en permettant l’installation de ce centre commercial. On délocalise tout en périphérie”. Avant d’ajouter. “Pour gagner 20 centimes sur l’huile d’olive, les gens consomment 3L d’essence avec leur voiture pour aller jusqu’à la zone commerciale”. Pour Pascal, poissonnier au marché, la situation se résume en une phrase : “C’est très simple ici. Personne ne parle des municipales et les municipales ne parlent pas de nous”.
Alexandre Keirle / Quentin Bral