Face à un confinement qui perdure, les acteurs culturels bordelais jouent les prolongations en ligne pour maintenir le lien avec leur public. Une présence d’autant plus nécessaire au regard de l’appétit des Français pour la consultation de ressources culturelles sur le numérique, comme le révèle l’étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC), dévoilée mardi 15 décembre.
Ne pas laisser tomber. Tel est le credo des acteurs culturels rencontrés par Imprimatur à Bordeaux : continuer à faire vivre la culture, même si les établissements sont fermés au public. L’annonce du maintien de la fermeture des lieux culturels a été une véritable douche froide pour les acteurs du secteur, mais nombreux sont ceux qui redoublent d’efforts pour proposer une offre culturelle en ligne et ainsi continuer d’être en lien avec leur public grâce au numérique. Un « non choix » pourtant, souligne Olivier Dubois, directeur du théâtre d’improvisation Improvidence à Bordeaux, pour qui s’adapter a été la seule solution.
Organiser sa présence numérique
Internet est apparu comme le meilleur moyen de garder le contact avec le public, mais nécessite de se réorganiser en permanence. La manufacture a, pour cela, développé le projet « Danse on air », soutenu par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), la région Nouvelle-Aquitaine et la ville de Bordeaux. Il ne s’agit pas de représentation filmée, faute de public, mais d’un programme de culture chorégraphique en ligne composé de master-class, de cours de danse, de résidences d’artistes… le tout nécessitant une plus grande mobilisation de la part des équipes : « On travaille plus que d’habitude… pour peu », explique Lise Saladain, directrice déléguée de la Manufacture.
Des initiatives similaires émanent du Musée d’Aquitaine et sa rubrique Le musée chez soi ou encore du Musée des Arts décoratifs et du Design (Madd) de Bordeaux qui offre la possibilité de visiter virtuellement l’exposition du moment, Playground – Le design des sneakers, le tout complété par des anecdotes et des quizz sur les réseaux sociaux, qui laissent apercevoir des chaussures sous verre, aux lacets et tissus de toutes les couleurs.
Un public au rendez-vous
Toute cette énergie déployée pour continuer de faire vivre la culture en dehors des salles semble trouver son public. En témoignent les chiffres de l’étude du ministère de la Culture : les Français sont 33 % plus nombreux à avoir consulté des ressources culturelles en ligne pendant le confinement par rapport à 2018. Un constat partagé par Olivier Dubois, du théâtre l’Improvidence, qui s’est lancé dans la retransmission en direct de spectacles d’improvisation, ImproOnLive : « Même si on ne fait pas tout ça de gaité de cœur, cela offre l’opportunité d’aller chercher de nouveaux publics ». Chacun de ses spectacles rassemblent environ 250 spectateurs, soit deux fois la jauge habituelle de la salle. Pour Étienne Tornier, commissaire d’exposition au Madd, difficile de savoir encore l’audience réelle, mais les signaux montrent que « cela fonctionne bien ».
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Une chose est sûre, ils leur tardent à tous de rouvrir leurs portes au public. « L’enjeu n’est pas de substituer le virtuel au vivant », souligne Lise Saladain. En attendant, s’adapter a permis à ces acteurs de la culture bordelaise de créer de nouveaux partenariats : la Manufacture a reçu le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) pour l’appel à projet « culture connectée », et le Madd, de l’appui du ministère de la Culture, avec le programme national Culture chez vous, en réalisant une visite live de l’exposition. « On travaille tous à distance, mais de manière collective », explique quant à elle Carole Brandely, chargée de communication au Musée d’Aquitaine.
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Vers de nouveaux horizons
De nouveaux partenariats voient le jour donc, mais aussi des projets sur le long terme : à l’Improvidence, le dispositif de représentations en ligne, filmées par quatre caméras haute définition et le tout mixé grâce à une régie fonctionne tellement bien qu’il a de grandes chances d’être poursuivi, et ce, même après un retour à la normale.
Crédit : Improvidence
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Philippine Thibaudault et Philippe Peyre