Europe 1, Canal +, Arte… A 35 ans, Kady Adoum Douass s’est déjà fait une place dans la sphère médiatique. Mais elle ne s’en contente pas. Il y a un an, la présentatrice d’Arte Journal s’est lancé un nouveau défi : lutter contre les cancers des enfants.
Il est plus de 17h30. Kady Adoum Douass a du retard pour l’interview. C’est le week-end, mais depuis midi, la présentatrice d’Arte Journal enchaine les rendez-vous. Pourtant, quand elle arrive au Pure Café, dans le 11e arrondissement, Kady a l’air plutôt détendue. Elle est même toute souriante. « Désolée, c’est la course aujourd’hui.» La journaliste est tout de suite pardonnée. Elle sort juste d’un cours qu’elle dispense à des jeunes en prépa de journalisme. « Même si elle a un emploi du temps de ministre, elle prend toujours le temps pour les autres », s’étonne encore Elise, sa petite sœur.
Après des débuts difficiles où elle a dû enchainer les piges à la radio, son média de prédilection, elle a fini par se faire un nom à la télévision. Sa participation en 2012 à la matinale de Canal + aux côtés de Maïtena Biraben, l’a fait remarquer par Arte, où elle débarque en 2015. Et depuis, son agenda est bien rempli.
Toutes les deux semaines, la journaliste prend le TGV direction le siège de la chaîne à Strasbourg pour préparer et présenter le journal. Et lorsqu’elle ne travaille pas, Kady revient à Paris, où elle vit à deux pas du Bataclan. Ici, les commerçants connaissent bien ses habitudes, enfin presque. « Ca va Kady ? ça fait longtemps qu’on ne t’a pas vu ! Tu prends du vin blanc ? » lui demande le serveur. « Oui, ça fait plaisir de vous voir tous » répond-elle, ravie de retrouver son QG, « Par contre, je suis passée au rouge ! » Et il n’y a pas que ses goûts qui changent. La jeune femme évolue constamment dans ses engagements personnels.
Depuis plus de deux ans Kady met un point d’honneur à aider les gens qui l’entourent. Alors dès qu’elle le peut, elle donne des cours de français aux migrants, prépare les étudiants aux écoles de journalisme, entreprend un nouveau combat pour les enfants malades en Afrique et enfin, gère son association : Sphères. « Elle aime ça Kady, je pense même qu’elle a besoin d’aider, elle ne fait pas ça pour se faire mousser », affirme Vanessa, la trésorière de la structure.
Sphères, c’est l’association qu’a créée la jeune journaliste il y a tout juste un an. Son but : collecter des financements pour la recherche contre les cancers pédiatriques. Aujourd’hui, en France, 2 500 enfants contractent un cancer chaque année et 500 ne survivent pas à la maladie. Alors, lorsque la journaliste se retrouve face à cette situation en 2014, elle décide de s’engager.
« Une journaliste intègre »
À cette époque Kady travaille encore chez Canal +. Vanessa, qui ne la connaît pas encore, la contacte pour lui raconter l’histoire d’un couple d’amis bordelais. Ils viennent de perdre leur fille de sept ans en sept mois. Les parents décident alors de monter une association pour sensibiliser le grand public aux cancers pédiatriques. « Des amis nous ont parlé de Kady. Ils nous ont dit que c’était une journaliste intègre et on s’est dit qu’on pourrait utiliser sa notoriété pour faire bouger les choses », raconte la trésorière.
Et ils ont eu raison. La journaliste se renseigne sans tarder sur le sujet. « Leur histoire m’a touchée, mais je ne voulais pas porter qu’un t-shirt. Je me suis renseignée et je me suis rendu compte que seuls 2% du budget pour la recherche contre le cancer était alloué aux cancers pédiatriques, ce n’est vraiment pas grand-chose », se désole encore aujourd’hui Kady, qui connait désormais son sujet sur le bout des doigts. Faute de moyens, les traitements ne sont pas adaptés pour les enfants : « les laboratoires pharmaceutiques ne veulent pas investir là-dedans parce que, pour eux, il n’y a pas assez de malades donc ce n’est pas rentable. C’est dommage, mais c’est comme ça », s’agace un peu la jeune femme.
Face à la situation la jolie brune décide de créer Sphères. Une structure exclusivement dédiée au financement de la recherche pour les cancers des enfants. « Je ne pense pas qu’on puisse mener correctement une action en gérant plusieurs choses à la fois », affirme-t-elle, très pragmatique. Et pour ne pas s’éparpiller, Kady choisit de consacrer son action à une équipe de recherche basée à Bordeaux. « Je l’ai découverte quand je suis partie à la rencontre des parents qui ont perdu leur fille », se souvient-elle. « Ca m’embête que des personnes qui travaillent pour nous tous, travaillent dans d’aussi mauvaises conditions. Les cancers des enfants ne sont pas des minis cancers ! »
Pas un hasard
Lorsqu’on lui demande pourquoi elle s’attache autant à aider les enfants, Kady a du mal à l’expliquer. Elle n’est d’ailleurs pas maman. « Si quelqu’un tombe à côté de moi, je ne vais pas l’ignorer », répond-t-elle naturellement, ses billes noires écarquillées. « Peut-être que je suis juste touchée que les gens pensent que je suis une personne qui sera à l’écoute… »
Au fond, Kady sait bien pourquoi elle s’est lancée dans le bénévolat. « Ma mère est morte d’un cancer du sein il y a trois ans. Mais je ne peux pas mener ce combat-là. Je ne me sens pas prête psychologiquement donc je ne vois pas en quoi je peux être utile », déduit-elle, encore une fois, très réaliste. « Et puis, il y a aussi mon frère. Je l’ai toujours connu sous perfusion. C’était très dur », confie la jeune femme. « C’est dingue l’inconscient! ». Elle retrouve son grand sourire du départ.
Car le sourire, c’est bien ce qui la définit. Malgré cette empathie permanente, Kady n’en est pas moins bonne vivante. « Lorsqu’elle rentre de Strasbourg on se fait généralement un bon resto, raconte sa sœur cadette. Elle aime profiter de la vie ! »