Jeux Paralympiques : les fabricant⸱es de prothèses en difficulté

À quatre mois des jeux paralympiques, le syndicat national des orthoprothésistes pousse un cri d’alerte : ils connaissent de plus en plus de difficultés pour répondre aux besoins des athlètes. Reportage à Cenon, dans un de ces ateliers.

L’odeur de plastique fondu imprègne les couloirs du bâtiment. Des pieds en résine et des tibias en carbone sont accrochés aux murs ou déposés dans des étagères. Dans l’atelier du cabinet Domital à Cenon, on fabrique près de 600 prothèses par an, d’après Jérôme Lamorère, directeur de l’établissement. Orthoprothésiste depuis 20 ans, il conçoit les appareils qui accompagneront les personnes amputées d’un ou plusieurs membres. Parmi elles, cinq sont athlètes de haut niveau, et préparent les Jeux Paralympiques de cet été. “Sans nous, pas de Jeux pour ces sportifs”, commente le patron.

Des revalorisations nécessaires

Un constat partagé par l’UFOP (Union française des orthoprothésistes), qui surfe sur l’arrivée des JO pour faire porter ses revendications. En mars dernier, le syndicat a lancé une campagne nationale afin d’alerter sur les difficultés de leur profession. Selon leur communiqué, ils plaident pour une “revalorisation des tarifs remboursés par la Sécurité sociale”. Dans une interview accordée à France Bleu Nord, François Cantero, le président de l’UFOP, indiquait qu’une “une revalorisation de 10 % de la prise en charge coûterait 32 millions d’euros”. Une somme “raisonnable” au regard du budget de l’Etat. “Il faut aussi qu’il s’occupe des équipements sportifs des athlètes”, ajoute Jérôme Lamorère.

Augmentation des prix inévitable

A ce propos, Philippe Vermande, responsable de production, énumère les matières premières nécessaires à la fabrication des prothèses dans l’atelier. “Beaucoup sont en carbone, basalte, plastique ou silicone.” Des matériaux dont les prix flambent à cause de l’inflation. Entre la hausse de ces coûts, et des charges (électricité, loyer, transport), l’augmentation des prix est inévitable et complique l’accès aux prothèses sportives. Par exemple, il a défrayé de 20 000 euros Milo Bernard, jeune espoir bordelais en para-athlétisme amputé d’une jambe. “On ne voulait pas priver ce gamin des JO”.

Les Jeux Olympiques et Paralympiques font donc office de lueur d’espoir pour les orthoprothésistes français⸱es. Pour autant, Jérôme Lamorère ne cache pas son pessimisme : “De toute façon, tout sera terminé après les Jeux. On parlera de nous pendant 3 mois et c’est tout”.  Une pétition lancée par l’UFOP démontre tout de même un fort intérêt pour cette problématique : près de 14 500 signatures ont été récoltés en 2 mois.

Retrouvez le reportage complet dans le journal d’Imprimatur spécial radio.

Paul Florequin

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