Face à la brutalité du conflit en Ukraine, les universités françaises tentent de s’adapter pour protéger leurs étudiants à l’étranger et aider les jeunes ukrainiens et russes sur leurs campus. À Bordeaux, où les échanges universitaires sont nombreux, les établissements se mobilisent.
À Bordeaux, beaucoup d’écoles ont des programmes internationaux incluant des partenariats avec des universités russes. Les échanges d’étudiants sont alors nombreux. Parmi ces écoles, Sciences Po qui avait cinq de ses étudiants à Moscou dans le cadre de son master binational France – Russie. Ludovic Renard, directeur des Relations internationales à Sciences Po Bordeaux, a anticipé les difficultés de rapatriement. “On avait des recommandations claires du ministère des Affaires étrangères. […] On a eu une circulaire hier de la direction du ministère de l’Enseignement supérieur nous demandant de rapatrier nos étudiants. Mais nous l’avions organisé dès ce week-end, pour trouver notamment des billets d’avion à un prix abordable.” À l’université Bordeaux Montaigne, des mesures préventives ont aussi été prises. “ Nous avons demandé à nos étudiants de rentrer en France” , explique Irina Simion, directrice des relations internationales de l’établissement. “Deux vont regagner le sol français, en passant par Riga. Ces étudiants n’ont pas pu aller au bout de leur projet de mobilité, donc nous travaillons à leur réintégration.”
Des établissements au soutien de leurs étudiants russes et ukrainiens
Dans le cadre de ces échanges, ces deux établissements accueillent régulièrement des étudiants russes, et des étudiants ukrainiens pour l’université Bordeaux Montaigne. Son président Lionel Larré a rencontré ces derniers ce mercredi. Ils seront également soutenus et suivis par le CROUS. “Nous sommes en contact régulier avec tous les étudiants étrangers directement concernés par le conflit.”, certifie la directrice des relations internationales. À Sciences Po, cinq étudiants de nationalité russe sont à Bordeaux dans le cadre d’Erasmus. Des jeunes aussi très affectés par le conflit : “Certains sont très ébranlés, et inquiets. La responsable des étudiants étrangers sur notre campus a la double nationalité française et russe, donc cela facilite aussi les échanges”, précise Ludovic Renard. Autre priorité de l’établissement, leur assurer une continuité d’enseignement. “On a bon espoir qu’ils puissent effectuer leur cursus en France.”
Des liens culturels et scientifiques menacés
En réaction à son attaque de l’Ukraine, le ministère de l’Enseignement supérieur a gelé les coopérations entre écoles russes et françaises. Une décision qui stoppe des échanges habituels. “Beaucoup s’interrogent sur l’avenir de ces relations. Les établissements russes nous demandent si la mobilité sera maintenue l’année prochaine, mais nous n’avons pas encore la réponse”, avoue Irina Simion. Mais selon son confrère de Sciences Po, la décision du ministère pourrait être réétudiée. “Je ne pense pas que ces relations cesseront définitivement, confie-t-il. Elles sont le moyen de renouer des liens entre les pays. Le milieu universitaire russe est aussi dans cette perspective-là. Il ne se prononce pas parce qu’il y a une hiérarchie politisée en Russie, mais en off, tout le monde regrette beaucoup cette situation.” Il n’a en effet pas été question de mettre un terme définitif à ces coopérations. Elles devraient être néanmoins suspendues tant que le conflit armé perdure.
Roman Bouquet Littre