Hier, 18 % des agents du réseau Transports Bordeaux Métropole étaient en grève. Les salarié·e·s répondaient à l’appel lancé le 28 novembre par la CGT puis rejoint par la CFDT face à des négociations « sans compromis » avec la direction. À l’approche des élections syndicales du 13 au 20 décembre, les organisations se défendent de toute manœuvre « électoraliste ».
« Je ne sais pas à quelle heure je vais arriver. » Devant l’hôpital Charles Perrens, à l’arrêt Carreire, Soraya était l’une des victimes de la grève d’hier dans les transports bordelais. « J’ai rendez-vous chez l’assistante sociale. Je vais être très en retard. », s’inquiétait-elle en ne voyant toujours pas arriver le Lianes 8 qu’elle attendait depuis une demi-heure. Elle déplorait : « Je n’ai pas de voiture donc je dépends des transports en commun. » Son bus, censé circuler toutes les vingt minutes, en a finalement mis quarante à arriver. Malgré les retards, pas de « journée morte » comme l’avaient annoncée les syndicalistes de Transports Bordeaux Métropole (TBM), à l’approche du dernier jour des négociations annuelles obligatoires (NAO).
Une direction qui « ne veut rien écouter »
Entamées le 8 novembre, ces discussions portaient sur une revalorisation des salaires, la création de nouveaux droits sociaux et l’amélioration des conditions de travail des agents. Elles se sont poursuivies lors de deux réunions les 22 et 28 novembre. À l’issue de cette dernière, la CGT, syndicat majoritaire (23 % des effectifs) a lancé un appel à la grève pour la journée d’hier, date prévue de la dernière réunion. Le SNTU-CFDT (19 %) s’était rapidement joint à l’appel en déclenchant une « alarme sociale ». Mathieu Obry, secrétaire général de la CGT TBM avait annoncé une assemblée générale pour hier matin devant le siège de l’entreprise. Il dénonçait une direction qui « ne veut rien écouter » et déclarait alors que la CGT « quittait la table des négociations ».
Parmi la soixantaine de lignes de bus de la métropole, six étaient totalement interrompues. À l’instar des trams, vingt-quatre d’entre elles voyaient leurs fréquences de circulation réduites. C’était le cas de la « Principale 20 » qui passait à un bus toutes les demi-heures. À son bord, Thibaud et Antonin s’inquiétaient : « On n’est pas bordelais, on ne savait même pas qu’il y avait grève. On a un train dans vingt minutes. On ne sait pas si on arrivera à la gare à temps. »
À Victoire, Éloïse craignait d’être, elle aussi, bien embêtée. « Je suis auxiliaire de vie à domicile. Je dois me déplacer toutes les une ou deux heures. », soufflait-elle. « Je n’arrête pas de bouger dans tout Bordeaux. », expliquait-elle en attendant la ligne expresse G. « Là, je retourne à la gare, ensuite je vais devoir aller à la cité Chantecrit. » Si elle n’avait pas eu de problème particulier dans la matinée, elle restait incertaine quant au déroulement de l’après-midi.
Loin d’une « journée noire »
Mais avec trente-et-une lignes qui circulaient normalement, tou·te·s les usager·e·s n’ont pas été impacté·e·s par le mouvement social. Maëlle, étudiante, n’a rencontré aucun problème. « Je suis arrivée à l’heure en cours ce matin. » Avant de monter dans le Lianes 15, elle confiait : « Là je vais rentrer chez moi. Je n’ai pas prévu de bouger cet après-midi donc ça va. » On était donc loin de la « journée noire » qui avait été annoncée.
Après cette dernière réunion, Mathieu Obry, de la CGT TBM, a fait un point en direct sur Facebook. Il a affirmé que « la direction a refusé l’entièreté des demandes de la CGT TBM ». Les organisations syndicales ont jusqu’à vendredi pour signer la proposition d’accord qui a été faite.
Yohan Dos santos Fernandes