Cette semaine, à l’occasion des 33ème Rencontres du cinéma Latino-Américain de Pessac, Imprimatur se met dans l’ambiance du cinéma latino-américain< span id= »more-1542″>, un cinéma coloré mais torturé. Au programme : critiques et interviews.
La dictature argentine a été racontée sous toutes ses formes au cinéma. Le pari de Christian Bernard et Flavio Nardini était de focaliser leur caméra sur Hector German Oesterheld, un dessinateur de BD victime de ce régime. Un film étonnant qui respire la tristesse.
Une fiction déchirante
Le cadre de ce film singulier rend cette histoire douloureuse. Dès la première scène, nous rencontrons Hector German Oesterheld, joué par un transcendant Miguel Angel Sola, alors qu’il se rend à un entretien avec Santos, dirigeant d’une maison d’édition prestigieuse. C’est à travers ses inspirations et ses expériences que nous allons vivre la douloureuse arrivée de la junte au pouvoir : son cartel de généraux, la censure exercée sur la culture, les disparitions, les suspicions de dénonciation… La musique se fait dramatique, à chaque instant, les violons résonnent et nous rappellent que l’époque narrée n’est pas singulière.
Basé sur des faits réels, le film n’est pas un biopic. Tout cela n’est jamais raconté de manière réaliste, mais toujours de manière détournée, avec des métaphores. La pluie devient le symbole de la violence du coup d’Etat. « Tout ce qui arrive est fiction et fantaisie » dit le scénariste Luciano Saracino au journal Diario Popular. Durant plus de deux heures, on navigue entre le cerveau du dessinateur, et la réalité, dans des va-et-vient incessants qui se termineront en une scène épique de clôture de l’intrigue. C’est elliptique et magnifiquement retranscrit.
Une minisérie avant d’être un film
Surtout, l’originalité de German ultimas viñetas est de prendre à contre-courant l’histoire de la dictature argentine. Des cinéastes ont déjà raconté cette période noire de l’histoire. Et certains ont eu beaucoup de succès, comme Luis Puenzo et son classique La Historia Official, paru très tôt, deux ans après la fin du régime. Dans Buenos Aires 1977, le réalisateur Israel Adrian Caetano nous plonge dans l’histoire de ces quatre jeunes qui s’évadent d’un centre où ils étaient détenus par la junte.
Ces histoires d’anonymes devaient être racontées. Mais, le pari des deux réalisateurs était plus complexe. D’abord parce qu’il fallait adapter en film cette minisérie de treize épisodes diffusés à la télévision publique argentine en mai 2013. Ce qui parfois est un peu dérangeant pour le spectateur. Et puis, surtout, il fallait retranscrire l’histoire de cet homme aussi brillant (El Eternauta eu un grand succès dans les années 1957-1958) qui tente de lutter contre l’idéologie pour lequel il est obligé de travailler. Dans la réalité, German Oesterheld intégrera un groupe de guerilla marxiste, les Montoneros. Ses quatre filles mourront avec lui de manière tragique, comme le racontait El Pais.
De cette projection, on ressortira bouleversé. Mais on se dit aussi que finalement, son histoire méritait bien un film.
Film d’ouverture des Rencontres, German ultimas vinetas sera projeté vendredi 11 mars à 16h30 au cinéma Jean Eustache de Pessac.