Les femmes sont moins touchées que les hommes par le SIDA. Psychologiquement, elles vivent différemment la maladie, ne serait-ce que par leur sexualité.
Les femmes moins infectées par le virus
6 000 cas d’infections au VIH sont découverts chaque année en France. Un chiffre qui stagne depuis presque 10 ans. Parmi ces nouveaux cas, 32 % sont des femmes, soit moins de la moitié. Pourtant, lors d’un rapport sexuel avec une personne infectée, ce sont elles les plus vulnérables. L’OMS estime ainsi que la transmission du VIH d’un homme à une femme a 2 voire 4 fois plus de chances de se produire, que dans le sens inverse.
Les inégalités sociales jouent également un rôle. Elles conduisent à une multiplication des pratiques à risques. Parmi les 2000 femmes diagnostiquées séropositives chaque année, 40 % ont des origines subsahariennes et vivent dans la précarité. Pire, leur diagnostic est souvent plus tardif, ce qui complique leur prise en charge. Une situation ignorée par certains mouvements féministes, majoritairement composés de femmes blanches issues de milieux aisés.
Un «évitement de la sexualité» plus important
La maladie et son traitement ont des conséquences psychologiques non négligeables telles que la dépression. A cela s’ajoute la peur de contaminer son partenaire, un fort inhibiteur pour les personnes séropositives, qui touche particulièrement les femmes. Si un tiers des femmes infectées souffrent de dysfonctions sexuelles contre 30 à 60 % des hommes sous antirétroviraux, celles-ci réagissent plus souvent par un évitement de la sexualité. Un phénomène accentué par la lipodystrophie, trouble qui se caractérise par une accumulation ou une perte anormale de graisse, et entraîne un rejet de son propre corps par le malade, ce qui diminue la qualité du rapport sexuel.
De nouveaux protocoles, pour une nouvelle vie
Autre problématique des femmes atteintes du VIH, la crainte d’une grossesse pourtant désirée. Aujourd’hui, grâce aux avancées médicales, il est possible pour une femme séropositive de porter un enfant. La mère, durant sa grossesse, puis le bébé après l’accouchement, sont soumis à des antirétroviraux. Cela réduit « le risque de contamination à presque 100 % » estime Maryse Tourne, ancienne infirmière et co-coordinatrice du Collectif SIDA 33.
Au début de l’épidémie, durant la décennie 1980, le VIH était souvent diagnostiqué chez une femme à l’occasion d’un test de grossesse : « C’était très dur car à l’époque porter un enfant leur était interdit par le corps médical. On en voyait revenir certaines quelques années après, avec une grossesse bien avancée : l’IVG n’était plus possible. Elles avaient décidé de le garder.»